Pour Ahmed Mghirbi, le football n'est plus aussi central qu'il l'était auparavant. Cela déteint forcément sur l'élite et nos porte-étendards. «La passion est là, mais l'engouement n'est plus le même. Et puis, à force d'absence de sponsoring, de recettes, de quota d'accès au stade, de manque de moyens et de l'émergence d'une nouvelle génération de dirigeants sportifs encore inexpérimentés (pour enfiler le costume y afférent), constituer à terme un noyau de joueurs d'élite devient plus contraignant. Même les expatriés, à qui on a recours, n'acceptent d'enfiler le costume national que si ils ne sont pas sollicités par l'autre camp (pour des binationaux). L'exemple le plus frappant est celui de Saphir Taider, mais aussi celui de Karim Rekik et j'en passe. Bref, il faut instaurer un nouveau modèle sportif global qui repose sur des standards clairs d'amont en aval, pour à terme conduire à l'émergence d'une élite compétitive. Il n'y a pas de recette miracle ou de modèle préfabriqué à adopter, mais parfois le copinage peut être payant. Analyser ce qui se fait de mieux chez nos concurrents et reproduire certaines démarches à titre d'exemple. Il faut aboutir à un consensus après avoir établi de nouveau les états généraux de notre sport et pas seulement du football». «Tout le paradoxe du football tunisien» «Les succès intermittents des clubs ne doivent pas se confondre avec la marche de l'équipe nationale. L'un est, certes, interdépendant de l'autre, mais le cheminement est différent, car les gros clubs sont sous pavillon de mécènes et de bailleurs de fonds que l'on ne retrouve pas en sélection. D'ailleurs, notre FTF manque cruellement de moyens pour adopter ses plans de travail. Regardez nos pelouses, nos centres de formation, l'état des centres d'hébergement assez vétustes, tout cela est révélateur et impact la progression des aînés par la suite. Il n'est d'ailleurs pas surprenant de disposer par la suite d'internationaux seniors talentueux, mais qui manquent de formation à la base... C'est tout le paradoxe du football tunisien».