Youssef a écouté toutes les critiques et propositions de rectification, Chahed décide de maintenir son équipe du samedi 20 août. Les mécontents et les déçus attendront le prochain remaniement «Rendez-vous ce vendredi à l'Assemblée des représentants du peuple». C'est la petite phrase qu'a lancée, hier, Youssef Chahed, chef du gouvernement désigné, aux journalistes à Dar Dhiafa à Carthage. Le message est clair : demain, vendredi 26 août, Youssef Chahed sollicitera la confiance des députés de la nation en leur soumettant la liste des ministres et secrétaires d'Etat qu'il a dévoilée, samedi dernier, sans aucun changement. En plus clair, la série de rencontres qu'il a tenues durant les quatre derniers jours (dimanche, lundi, mardi et mercredi) avec les mécontents et le déçus, les critiques et les propositions que lui ont soumises ses interlocuteurs ne l'ont pas convaincu pour qu'il procède à l'ajustement de son équipe ministérielle en remerciant, notamment, les ministres dont la désignation a suscité la polémique qui n'est pas près de s'éteindre durant les prochains jours, voire les prochains mois. Y a-t-il un deal secret ? La question que l'opinion publique et les observateurs se posent est la suivante : en rejetant les demandes de rectification de sa liste ministérielle, Youssef Chahed a-t-il reçu des assurances que les députés, notamment ceux d'Ennahdha et de Nida Tounès et aussi ceux de Machrou Tounès, lui accorderont, demain, leur confiance ? Une autre question : a-t-il accordé des promesses aux mécontents appartenant à ces mêmes partis quant à la possibilité d'un remaniement ministériel durant les prochains mois où ils pourraient accéder au gouvernement ? Ces mêmes promesses (au cas où elles existeraient) toucheraient-elles les désignations relatives aux présidents des délégations spécifiques (municipalités) qu'il a annoncées lui-même quand il était ministre des Collectivités locales et avait en charge le dossier des prochaines élections municipales ? «Nous voterons la confiance et nous restons vigilants» Hier, mercredi 24 août, et quelques heures avant que Youssef Chahed ne prononce sa phrase-couperet, les mécontents ou les satisfaits à moitié, surtout parmi les nidaistes (fraction Sofiène Toubal) et les «machrouistes», ont défilé sur les radios de la place pour exercer leurs dernières pressions ou jouer leurs dernières cartes de séduction à l'égard de l'opinion publique et aussi de Youssef Chahed «qui a écouté nos doléances, s'est montré compréhensif à l'égard de nos critiques, surtout celles relatives aux ministres dont la désignation a été contestée et nous a promis que son gouvernement sera fidèle à l'esprit du Pacte de Carthage», ont-ils souligné en chœur. Walid Jalloud, député de Machrou Tounès, parti signataire du Pacte de Carthage, précise : «Notre bloc accordera sa confiance au gouvernement Youssef Chahed. Toutefois, nous resterons vigilants quant aux erreurs qu'il pourrait commettre et aux manquements éventuels au contenu du Pacte de Carthage. En définitive, notre soutien à Youssef Chahed et à ses ministres sera un soutien critique». Quant à Sofiène Toubal, président du groupe parlementaire nidaïste et qui a réussi à s'imposer ces derniers jours comme la deuxième personnalité au sein de Nida Tounès après Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif du parti, il a placé une petite phrase pleine de signification : «Rien ne dit que l'équipe actuelle de Youssef Chahed ira, avec tous ses membres, au terme du mandat électoral issu des législatives du 26 octobre 2014». Il ne saute pas le pas pour révéler que Youssef Chahed promet de leur réserver leur part dans le prochain remaniement ministériel en contrepartie de leur aval. Seulement, sa petite phrase laisse entendre que les mécontents seront satisfaits un jour ou l'autre. Du côté du Front populaire, Jilani Hammami, député frontiste, explique pourquoi le Front a décidé de voter contre le gouvernement Youssef Chahed bien avant que le chef du gouvernement dévoile demain son programme. «Nous votons, en réalité, contre la lutte d'engagement adressée par Slim Chaker au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale, acceptant toutes leurs conditions en contrepartie des crédits qui seront accordés à la Tunisie. D'ailleurs, le FMI attend que le gouvernement Youssef Chahed obtienne la confiance du Parlement pour libérer un montant de 350 millions de dollars américains déjà accordés à notre pays». Jilani Hammami révèle : «La lettre d'engagement signée par Slim Chaker au nom du gouvernement tunisien comprend 112 pages détaillant tout ce que le gouvernement est disposé à appliquer pour encaisser les crédits de la part du FMI et de la Banque mondiale».