Le cinéma tunisien vient de perdre l'une de ses figures, Kalthoum Bornaz, après une longue carrière. Née en 1945 à Tunis, Kalthoum Bornaz a fait des études de lettres avant d'étudier le cinéma à Paris : à l'Idhec et à l'Université de Paris III. En 1968, elle obtient son diplôme de fin d'études en Script et Montage. Elle travaille comme scripte à la télévision française, comme assistante sur plusieurs longs métrages (pour les réalisateurs Ferchiou, Ben Ammar, Khemir, Chabrol, Zeffirelli et Moati) et comme monteuse pour une douzaine de courts-métrages ainsi que plusieurs longs-métrages. Depuis 1968, dans son pays et à l'étranger, elle occupe dans de nombreuses productions tunisiennes et internationales les postes de scripte, 1ère assistante de réalisation et monteuse. Elle participe notamment au montage de «Vendredi ou la vie sauvage», de G. Vergès, «Pirates», de R. Polansky et «La Barbare», de M. Darc, et comme scripte ou assistante à la réalisation de «Les Magiciens», de C. Chabrol, «Jésus de Nazareth», de F. Zeffirelli, «Les Baliseurs du désert», de N. Khémir, etc. Après cette longue expérience de technicienne, elle débute une carrière de réalisatrice de courts et moyens-métrages : «Couleurs fertiles» (1984), «Trois personnages en quête d'un théâtre» (1988), «Regard de mouette» (1991), «Un Homme en or» (1993), «Nuit de noces à Tunis» (1996), «Keswa-Le Fil perdu» (1997) est son premier long-métrage. Elle est aussi productrice avec Les Films de La Mouette. Kalthoum Bornaz fait partie de cette génération de pionnières, de femmes, d'artistes et d'intellectuels, jeunes au moment de l'indépendance tunisienne. Elle a porté à l'écran ses idées de libération de la femme, de son indépendance. Son dernier film, réalisé en 2008, «L'autre moitié de l'amour», fut parmi les rares films tunisiens, pour ne pas dire l'unique qui a exposé clairement et sans aucune ambiguïté la question de la parité dans l'héritage. Femme et artiste libre et affranchie, elle a vécu son temps, fait des films qui lui ressemblent, elle manquera au cinéma tunisien et à ses ami(e)s... Qu'elle repose en paix.