Par Abdelhamid GMATI Les préparatifs de la prochaine rentrée scolaire vont bon train. La 2e campagne du «Mois de l'école» a permis à 1.211 établissements éducatifs de bénéficier de travaux de maintenance et de réhabilitation dont le coût global est estimé à 12 millions de dinars. La société civile, des parents d'élèves, des Tunisiens résidant à l'étranger, et même des élèves ont participé à la collecte de dons. Cette campagne se poursuit car, selon le ministre de l'Education nationale, «le ministère a besoin de fonds importants pour améliorer l'infrastructure et les prestations de transport scolaire. Il s'agit de changer les équipements délabrés et de restaurer les établissements qui ne répondent plus, pour la majorité, aux normes de sécurité minimales requises». Selon une étude réalisée par l'Institut national de la consommation (INC), les Tunisiens dépenseront la somme de 420 millions de dinars (MD) à l'occasion de cette rentrée scolaire, pour l'acquisition des fournitures scolaires, des tenues et chaussures de sport ainsi que pour payer les frais d'enregistrement et d'abonnement scolaire. Ainsi, le coût de la rentrée variera entre 80 dinars pour le primaire et 132 dinars pour le secondaire. Et le ministère des Affaires sociales a annoncé dans un communiqué que des aides sociales d'une valeur d'environ 13 millions de dinars seront distribuées à 333.000 élèves et 40.000 étudiants issus de familles démunies. Ces aides seront versées par tranches à partir de ce mois de septembre. Des aides en nature d'une valeur de 500.000 dinars seront distribuées par l'Union tunisienne de solidarité sociale (Utss) au profit de 15.000 élèves qui n'ont pas pu bénéficier d'allocations. Et on apprend l'acquisition de nouveaux bus, alloués dans plusieurs gouvernorats et réservés au transport scolaire et universitaire. Et dans le cadre de la coopération entre le ministère de l'Education et le Programme alimentaire mondial (PAM), un projet pilote a été mis en œuvre dans l'école primaire «Henchir Jedid» à Ennadhour (gouvernorat de Zaghouan) permettant de fournir 1.500 repas scolaires aux élèves dans dix écoles en milieu rural durant l'année scolaire 2016-2017. Une autre rentrée a déjà commencé : celle des grèves. Le Syndicat général de l'enseignement de base relevant de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a décidé d'organiser des mouvements de protestation dans les différents commissariats régionaux de l'éducation depuis le 1er septembre et une journée de « colère nationale» a eu lieu devant le siège du ministère de l'Education lundi dernier. Et le secrétaire général de ce syndicat, Mastouri Gammoudi, annonce une grève générale pour le 5 octobre prochain, car «les écoles primaires manquent d'enseignants. Plus de 10 mille postes d'enseignants sont actuellement vacants». De son côté, la Commission administrative sectorielle du syndicat général de l'enseignement secondaire a décidé de suspendre les cours à partir du 21 septembre 2016 s'il n'y a pas, d'ici là, une révision des décisions qualifiées «d'abusives» prises par le ministère de l'Education. Son secrétaire général, Lassâad Yacoubi, a appelé, mardi dernier, à recruter pas moins de 1.500 enseignants pour couvrir le besoin du secteur, précisant que ce besoin s'élève dans les collèges et les lycées à plus de 3.000 enseignants. Le ministre de l'Education, Néji Jalloul, a nié les rumeurs selon lesquelles son ministère aurait arrêté les recrutements ou qu'il n'a pas tenu ses engagements. Il précise que son département a recruté 7.000 personnes (3.000 pour les écoles de formation des instituteurs, 3.000 pour les écoles de formation des enseignants et 1.000 pour les autres recrutements) pour cette année. De plus, le mode de recrutement a changé et que dorénavant il va falloir passer par une phase d'apprentissage. Et il affirme : «Le problème du recrutement des enseignants ne dépend pas de moi. Puis, si ces candidats n'ont pas réussi le concours, c'est de leur faute et non de la mienne. Les augmentations des salaires ne dépendent pas non plus de mon département. Je ne représente ni le ministère des Affaires sociales ni celui des Finances». On apprend, par ailleurs, que «6.169 postes sont assurés par des enseignants du secondaire qui n'effectuent pas la totalité de leurs horaires de cours. 6.169 enseignants du secondaire travaillent l'équivalent de 3 ou 4 heures ou ne font pas leur travail. Idem pour près de 2.000 autres dans l'enseignement primaire». Un sureffectif qui coûte à l'Etat environ 148 millions de dinars chaque année. Tout cela a eu un impact direct sur le citoyen tunisien, qui a perdu confiance dans les établissements scolaires de l'Etat. Ceci s'est traduit par la croissance considérable du nombre des écoles primaires privées en l'espace de cinq années. Depuis l'année scolaire 2010/2011 jusqu'à l'année scolaire 2014/2015, le nombre d'écoles primaires privées a doublé. Il est passé de 109 à 263, constituant, ainsi, une croissance de 141%. Les grèves font leur rentrée dans d'autres secteurs. Ainsi, la grève des ouvriers des sociétés de transport routier de marchandises et de matières dangereuses, prévue pour les 7, 8 et 9 septembre a été reportée au 22, 23 et 24 septembre. De leur côté, les hôtels observeront une grève générale les 17 et 18 septembre. Selon la Fédération générale de l'alimentation, du tourisme, du commerce et de l'artisanat, cette grève vient suite à la non-application de l'accord des augmentations des salaires dans le secteur privé entre la FTH et les agents hôteliers. On apprend aussi que les membres du syndicat général de la fiscalité et du recouvrement ont observé, mardi 6 septembre, un rassemblement de protestation et ont menacé de porter plainte auprès du Tribunal administratif. Le secrétaire général du syndicat a indiqué dans une déclaration ce mardi à Shems Fm qu'ils protestent contre les dernières nominations annoncées dans le cadre du mouvement général dans la direction des impôts. Ainsi donc, à chacun sa rentrée. Et selon un récent sondage, 76,6% des Tunisiens interrogés, âgés de plus de 18 ans, estiment que la Tunisie n'est pas sur la bonne voie et s'inquiètent pour l'avenir.