Le festival du court au Kef : c'était surtout ces yeux écarquillés et émerveillés des enfants des zones rurales visitées, à la découverte de ce festival des images qui s'offrait à eux, chez eux, sous les étoiles. Toujours dans l'ambition de contribuer au développement local de la région, par le biais de la culture, l'Association des Arts pour le Cinéma et le Théâtre du Kef (ACT du Kef) a créé un événement cinématographique inédit et entièrement consacré au court métrage le «Très Court International Film Festival» qui s'est tenu en juin dernier au Kef. Le Festival du court au Kef (FCKEF) est un concours de courts-métrages ouvert à tous les passionnés d'images. Mais, au-delà de l'aspect compétitif, ce rendez-vous propose aux étudiants, aux cinéphiles et à un large public (zones défavorisées) de découvrir des créations nationales. C'est aussi une occasion pour les réalisateurs et autres producteurs de ce genre de format de film de présenter leurs productions. Un format, rappelons-le, malheureusement, très peu diffusé dans nos salles de cinéma qui, en dehors de quelques festivals, ne pratiquent pas la diffusion d'avant-séance. Durant une semaine, du 22 au 28 août 2016, la ville du Kef et cinq zones rurales ont abrité différentes projections, ateliers et autres rencontres soigneusement programmés par l'organisation du festival. Une première édition chaleureusement accueillie par les habitants de «Sidi Mansour», «Houmet Errabta», «Bchiret Magra», «Echguega» et «Elles» qui ont pu profiter, entre autres films projetés et autres activités, des 8 films sélectionnés dans la compétition officielle qui était ouverte aux films de 15 minutes ou moins, réalisés à partir du 01/01/2015 avec trois prix remis aux films gagnants par des professionnels du monde du cinéma (Prix du Jury, Prix du Public et Prix de l'ACT du Kef). Il s'agissait de «Voie 9 3/4» de Dorra M'hamdi» qui a obtenu le prix de l'ACT du Kef, «The only hope» de Louay Rezgui, «Pulsation» de Skander Tlili, «Chitan» de Hakim Zayani, «Imazighen 2966» de Chakib Mahjoub, «La brouette» de Sana Jazira à qui l'on a attribué le prix du public, «Sniper» de Kamel Laaridhi et «Diaspora» de Alaeddine Aboutaleb qui a reçu le prix du jury. Le festival du court au Kef, c'était surtout ces yeux écarquillés et émerveillés des enfants des zones rurales visitées, à la découverte de ce festival des images qui s'offrait à eux, chez eux, sous les étoiles... Toutes ces réactions spontanées et autres rires innocents lors des projections en plein air. C'était aussi des ateliers soigneusement dirigés par des gens passionnés et généreux à l'instar de l'exceptionnelle scénariste et dramaturge Samia Amami qui a assuré l'atelier scénario, l'artiste et universitaire Safouan Jalloul qui a, majestueusement, conduit l'atelier de photo et d'autres encore. Hommage au jeune cinéaste et militant Adnen Meddeb Le festival avait déjà démarré quand les organisateurs et avec eux toute la scène culturelle tunisienne ont été endeuillés par l'annonce du décès de l'un de leur frère et fils, le regretté cinéaste et militant de gauche Adnen Meddeb, arraché trop tôt à la vie, à l'âge de 27 ans des suites d'une crise cardiaque le 24 août 2016. Un grand cœur, amoureux du 7e art et fervent défenseur des droits de l'homme, «Danino», comme on l'appelait, était membre de la Ftca (Fédération tunisienne du cinéma amateur), également membre organisateur du Fifak (Festival international du film amateur de Kélibia), à plusieurs reprises et co-organisateur de la «Tente estivale de l'image et de l'expression artistique de Hammam Laghzaz» (qui portera désormais son nom). Les membres de l'association ACT du Kef n'ont pas oublié de lui rendre hommage en arborant pour la suite du festival un grand poster d'une photo de lui qui a fait le tour des réseaux sociaux et autres médias tunisiens et étrangers. Une photo qui en dit long sur l'engagement et le militantisme de Adnen prise devant le ministère de l'Intérieur le 14 janvier 2011 où on le voit poing serré et levé en scandant un message de révolte contre le système. Dans un geste symbolique, le comité organisateur lui a adressé le prix du festival. Son frère aîné Marouan Meddeb, également cinéaste et co-fondateur de la tente estivale, s'est déplacé au Kef pour participer à l'hommage rendu à son frère, une manière de signifier que la lutte doit continuer !