Trente-cinq œuvres, entre dessins et peintures, dressant l'image de la vie tunisienne avec ses personnages et ses objets, sont exposées en cette rentrée automnale. La petite enceinte de la Galerie Saladin était, samedi soir, bondée d'artistes, passionnés d'art et de collectionneurs venus découvrir et se remémorer la vie et le savoir-faire unique de Zoubeïr Turki, un grand maître et l'un des pionniers de l'Ecole de Tunis. Trente-cinq œuvres, entre dessins et peintures, dressant l'image de la vie tunisienne avec ses personnages et ses objets, sont exposées en cette rentrée automnale dans une exposition intitulée «Zoubeïr Turki, le grand témoin!», un hommage posthume au père et à l'artiste que son fils Hassen Turki a voulu lui rendre sept ans après son départ (23 octobre 2009). «Les œuvres exposées font partie de l'héritage artistique que mon père nous a légué ma soeur et moi», a déclaré son fils Hassen, présent au vernissage de l'exposition en compagnie de sa femme. Au cours de son séjour nordique en Suède où il avait rejoint l'Académie des beaux-arts de Stockholm, l'artiste avait épousé une Suédoise, avec laquelle il a eu un garçon et une fille. Il est aussi le frère cadet de l'artiste plasticien Hédi Turki. De son départ en Suède au début des années 50, l'ambassadeur de Suède en Tunisie, Frederik Floren, parle d'une période qui «lui a permis de développer son talent et son expérience artistique». «Son exil nordique a contribué au rapprochement des cultures tunisienne et suédoise, ce dont nous sommes très fiers comme Suédois», estime le nouvel ambassadeur du Royaume de Suède, installé à Tunis depuis le mois de juin dernier. Il parle aussi de «l'art de Zoubeïr Turki» qu'il avait découvert, deux ans auparavant, lors d'une visite à Nabeul, disant avoir été «très impressionné» de voir quelques-unes de ses toiles et de pouvoir de nouveau découvrir l'œuvre de l'artiste. Pour Dora Bouzid, amie de l'artiste, «le dessin de Zoubeïr Turki est un don miraculeux et l'arabesque est son royaume, c'est sa spécialité», dit-elle en lisant quelques extraits de son livre «Ecole de Tunis», un ouvrage paru aux éditions Alif en 1995. Elle qualifie Turki d'être l'un des pionniers des arts plastiques en Tunisie, à l'image de ses contemporains, pour ne citer que Ammar Farhat, Ali Bellagha, Abdelaziz Gorgi et Jalel Ben Abdallah, qu'elle évoquait dans son opus. Les plasticiens qui ont de près ou de loin connu l'artiste plasticien et sculpteur étaient nombreux à lui rendre hommage; de Béchir Lakhdhar, son ami proche, à Ismail Ben Fraj, mais aussi Sami Ben Ameur et tant d'autres. Souvenirs et combats sont revisités, de l'homme et de l'artiste fondateur de l'Union nationale des arts plastiques de Tunisie ainsi que l'Union maghrébine des arts plastiques. Grand témoin de son époque, Zoubeïr Turki restera à jamais présent avec son œuvre colossale et la sculpture d'Ibn Khaldoun qui trône au cœur de Tunis (Place de l'Indépendance). Cette exposition-vente est visible à la Galerie Saladin jusqu'au 06 octobre prochain.