Par M'hamed JAIBI Nouvelle polémique au sein de la nébuleuse nidaïste suite à la proposition faite à Youssef Chahed d'assurer la présidence du parti. Faite lors d'une réunion du Comité politique issu dudit «congrès de Sousse», convoquée et présidée par Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nida, et élargie à plusieurs députés et ministres du parti, mais en l'absence de nombre de ses propres membres, la proposition devra attendre la réponse officielle de Youssef Chahed qui s'attache à la condition d'un parfait consensus autour de sa personne et l'établissement d'une feuille de route réellement consensuelle menant à un congrès démocratique qui résoudrait définitivement la crise que vit cette formation depuis si longtemps. Cette offre visant à remplacer Ridha Belhaj, président démissionnaire du mouvement, par la personne du chef du gouvernement, a été suivie lundi, à 24 heures d'intervalle, par une «réunion de sauvetage de Nida Tounès» diligentée par Belhaj lui-même, laquelle conteste le leadership de HCE et la légitimité de la réunion de la veille, mais fait le dos rond quant à l'éventualité de voir hisser Youssef Chahed à la présidence du parti. La crise prolongée que connaît Nida Tounès s'avère en définitive structurelle. Cependant, ce parti est et reste au pouvoir, à travers un groupe parlementaire assez solide malgré la rivalité qui sévit à sa tête, et grâce au rôle et au rayonnement personnel du président de la République aussi bien au sein de la vaste nébuleuse nidaïste qu'au niveau de l'essentiel de l'échiquier politique national. Certes, joue également en faveur de Nida cette qualité de vainqueur aux élections législatives qui est actuellement entretenue par l'appui qu'accordent à Nida trois autres groupes parlementaires modernistes et par la volonté d'Ennahdha de ne pas revendiquer conflictuellement le pouvoir, afin de ne pas mettre en péril le consensus de gouvernement — désormais élargi à un véritable «gouvernement d'union nationale»— auquel elle s'attache, au moins tactiquement. Mais c'est incontestablement le président Caïd Essebsi qui, quelles que soient les pressions ou les omissions, contrôle la situation. Aussi bien au sein du gouvernement qu'il a inspiré qu'au niveau du parti qu'il a fondé. Atouts qui font de Youssef Chahed un dénominateur commun de l'ensemble des nidaïstes. Reste qu'il sera essentiel de déminer la nouvelle crise des ego qui menace et qui pourrait nuire encore une fois à la stabilité politique du pays, par un débordement au-delà des frontières du parti. A moins de réussir à convaincre les figures de proue des attitudes conflictuelles de faire un pas en arrière jusqu'à la tenue du congrès.