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Du gouvernement au parti, il n'y a que Youssef !
Publié dans Business News le 19 - 09 - 2016

Dans une réunion organisée dimanche 18 septembre 2016, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a été nommé président du comité politique de Nidaa Tounes. Cette décision, appuyée par Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif, suscite d'ores et déjà des remous au sein d'un parti qui n'a pas connu la stabilité depuis plusieurs mois. Au-delà de l'aspect partisan, cette nomination risque de jeter son ombre au niveau gouvernemental et national.

La rumeur était déjà dans les couloirs depuis plusieurs jours. Youssef Chahed prendrait les commandes de Nidaa Tounes dans l'espoir de ramener une certaine stabilité et d'amener sa légitimité de chef du gouvernement. C'est désormais chose faite depuis dimanche. Dans une réunion regroupant plusieurs membres du comité politique, les députés du parti, ses ministres au gouvernement et les coordinateurs régionaux, la nomination de Youssef Chahed a été entérinée.

Une décision qui n'a évidemment pas ravi tous les membres de ce parti qui s'entredéchire depuis sa victoire aux élections de 2014. Ainsi, Ridha Belhaj l'a qualifiée de « tentative de putsch » dont seraient victimes les structures de Nidaa Tounes. Faouzi Elloumi, dans une déclaration à Cap FM le matin du 19 septembre, est allé jusqu'à dire que Youssef Chahed avait assisté à cette réunion par peur pour son poste en ajoutant que s'il avait refusé de le faire, il aurait eu le même sort que Habib Essid !

D'ailleurs, les cadres du parti, qui refusent cette nomination, doivent organiser une réunion le 19 septembre avec, à l'ordre du jour notamment, la suppression pure et simple du poste de directeur exécutif du parti. Une réunion que Hafedh Caïd Essebsi qualifie déjà de « non légitime » en précisant que les décisions ne peuvent être prises que par le comité politique officiel du parti. Un comité politique profondément remanié la veille…

Donc, on peut dire sans craindre de se tromper que la nomination de Youssef Chahed à la tête du comité politique de Nidaa Tounes va déclencher une vague de contestations et l'on s'échangera des accusations, plus ou moins graves, comme c'est le cas depuis 2014. Le parti vainqueur des élections continuera à se déchirer alors que la nomination de Youssef Chahed visait à le stabiliser. Une manœuvre vraisemblablement pilotée depuis Carthage.

Mais au-delà des répercussions sur le parti Nidaa Tounes, il faut voir les conséquences au niveau national et gouvernemental. En effet, le fait qu'un chef de gouvernement en place soit nommé en tant que président du comité politique d'un parti ouvre la porte à une certaine collusion entre l'Etat et le parti. Certains vont même jusqu'à anticiper le retour du parti-Etat comme ce fût le cas à l'époque de Ben Ali. Par ailleurs, Youssef Chahed avait été nommé en tant que chef d'un gouvernement dit d'union nationale. Le fait que le chef fasse un choix partisan tel que celui de présider sa plus haute instance tend à élargir le fossé qui le sépare de son équipe gouvernementale et à confirmer, surtout, la main mise de Carthage sur ses agissements, y compris au niveau gouvernemental. Plusieurs observateurs avaient déjà dénoncé le dernier mouvement des gouverneurs car ils voyaient une certaine complaisance avec Nidaa Tounes à travers la nomination de plusieurs de ses membres.
D'un autre côté, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, avait demandé aux membres de son gouvernement de se défaire de leur dimension partisane et de se concentrer sur leur travail au sein du gouvernement. Au cours d'une rencontre informelle à Hammamet, il avait mis l'accent sur la nécessité d'une « solidarité sans faille » entre les membres du gouvernement pour réussir la périlleuse mission de redresser la Tunisie. En faisant le choix de présider le comité politique de Nidaa Tounes, Youssef Chahed fait ce qu'il avait demandé aux membres de son gouvernement de ne pas faire. A sa nomination, Youssef Chahed n'avait pas de « dimension » partisane particulière bien qu'étant membre de Nidaa Tounes. C'est sa crédibilité envers son équipe qui se trouve touchée par le choix qu'il a fait.

La nomination de Youssef Chahed en tant que président du comité politique de Nidaa Tounes ouvre la porte à l'exportation des problèmes de Nidaa Tounes au gouvernement. Habib Essid, quand il était chef du gouvernement, avait tenté de préserver son équipe de ses problèmes, tant bien que mal. Aujourd'hui, le fait que Youssef Chahed s'immerge aussi directement dans la gestion d'un parti politique, aussi instable que Nidaa Tounes, aura forcément des répercussions sur le rendement gouvernemental et, quels que soient les actes du chef du gouvernement, il sera accusé de népotisme et de favoritisme pour son parti. A l'heure où le gouvernement a besoin de stabilité et de tranquillité pour travailler, cette nomination risque d'attirer un flot de critiques à Youssef Chahed.
Par cette nomination, Youssef Chahed perd sa stature de chef du gouvernement au-dessus des partis et élimine toute distance avec les affaires partisanes. Le seul gagnant dans cette manœuvre est Béji Caïd Essebsi, président de la République, qui reste désormais la seule personnalité à être, du moins officiellement, dessus des partis.

Officiellement, le parti Nidaa Tounes assume le pouvoir. Non pas par la nomination de l'un de ses fondateurs ou de l'un de ses membres influents en tant que chef du gouvernement mais par l'inverse : la nomination d'un chef de gouvernement en place à la tête du parti. Au lieu d'être porté à la tête du pouvoir par une légitimité partisane et populaire, c'est l'inverse qui se produit. Ainsi, Youssef Chahed va apporter au parti la légitimité du pouvoir avec tous les risques qu'une telle démarche peut contenir.

Pendant ce temps, les parties prenantes du gouvernement d'union nationale observent un silence prudent et se gardent de réagir à cette annonce. C'est la réaction d'Ennahdha qui est particulièrement attendue par les observateurs. Le parti islamiste va-t-il se soulever contre ce début d'hégémonie et de collusion entre l'Etat et le parti ou va-t-il faire le dos rond et laisser les choses s'envenimer tout en restant à l'affût ? Pour l'instant, c'est Nidaa Tounes qui paye la note, assez salée, de cette énième manœuvre. Les deux camps, l'un sous l'égide de Hafedh Caïd Essebsi, l'autre piloté par Ridha Belhaj, vont s'entredéchirer. Les uns pour poser leur pouvoir définitivement sur le parti, les autres pour en éjecter HCE. La sérénité ne sera donc pas du côté des Berges du Lac dans les prochains jours. Loin de là.


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