Avec Zizou, Férid Boughedir revient au cinéma après 20 ans d'absence. Le réalisateur le déclare lui-même: «Zizou» est le prolongement de «Asfour Stah», «Un été à La Goulette». Le premier serait l'enfance du personnage, le second, son adolescence et «Zizou» son âge adulte (Des terrasses de la médina avec Asfour Stah aux terrasses de Sidi Bou Saïd avec Zizou). C'est peut-être pour cela que dans «Zizou», Férid Boughedir n'a pas changé de dispositif de tournage ni de facture cinématographique. Le réalisateur est resté le même et à un certain moment certaines vannes et leur construction syntaxique ne sont pas sans nous rappeler les deux films précédents du cinéaste. Cela ne veut pas dire qu'il se répète mais qu'il préfère travailler sur un genre qu'il maîtrise et c'est peut-être préférable quand on pense que certains réalisateurs de sa génération ont préféré partir dans la recherche cinématographique et se sont perdus en chemin. Mais cela n'empêche pas de nous accrocher. Le scénario et les dialogues sont bien conduits. Et puis, il y a Zizou (interprété par Zied Ayadi) personnage qui n'est pas sans nous rappeler le Candide de Voltaire qui part à la capitale trouver du travail. C'est le premier rôle de Zied Ayadi au cinéma et, à notre avis, l'acteur a montré un grand talent dans l'interprétation de ce rôle de candide et de simplet. Il a été très convaincant en composant son personnage et en composant avec les autres personnages. Les autres personnages aussi ont beaucoup aidé ce premier rôle à toucher. Rappelons que dans ce genre de film, tous les autres personnages travaillent de concert pour mettre en valeur le personnage central. C'est pour cela que le casting a fait appel à des professionnels tandis que le premier rôle est campé par un débutant (qui promet). On retrouvera Fatma Ben Saidane, Ziad Touati (qui se régénère dans ce rôle et nous livre une autre facette de son jeu) Sarra Hannachi, Wajiha Jendoubi, Taoufik Bahri ,Jamel Sassi , Ikram Azzouz, Aicha Ben Ahmed et Abdelmonem Chouayet entre autres. Voici le synopsis : «On est en 2010. Aziz, surnommé Zizou, est chômeur; un jour, il quitte sa bourgade pour chercher du travail à la capitale . Il trouve un emploi d'installateur de paraboles mais un jour il tombe amoureux d'une jeune fille, retenue prisonnière par une sorte de mafia proche du pouvoir . Zizou rêve de la libérer, sans succès . Mais voici que la révolution du 14 janvier éclate et Zizou, ce bonhomme candide et parfois stupide, devient, malgré lui, le héros de la première flamme du printemps arabe». Les héros ne sont pas ceux qu'on croit, semble nous dire cette comédie. Les plans représentant Zizou fendant la foule qui manifeste contre le pouvoir mais dans le sens contraire pour aller chercher sa bien-aimée ont contribué à éviter à Boughedir de retomber dans la redite de la révolution tunisienne. Zizou aurait pu tomber dans un problème de rythme également, vu que l'histoire se déroule entre deux lieux : Moncef Bey et Sidi Bou Saïd, mais le montage a su garder la même tension à partir du premier quart d'heure car la comédie a horreur du vide. Voici une comédie légère, qui n'est pas indigeste dans son rythme et qui se laisse regarder. Un film qui ne manquera pas d'avoir du succès auprès du grand public. Férid Boughedir peut retrouver son ancien public certes mais pourra-t-il en conquérir un nouveau? La grande épreuve de la sortie en salles nous le dira !