Sept films qui questionnent en images les limites vécues par les jeunes dans notre société et un premier prix amplement mérité pour «Khalaâ» de Maher Hasnaoui. Le quatrième volet du concours franco-allemand des courts-métrages s'est achevé jeudi dernier par la projection des films réalisés cette année et par la distribution des prix. Le jury, composé de la monteuse Azza Chaâbouni, la cinéaste Hend Boujemaâ et la présidente de l'association Al Bawsala, Chaima Bouhlel, a accordé le prix du meilleur film au court-métrage de fiction «Khalaâ» de Maher Hasnaoui, un prix amplement mérité pour cette œuvre touchante, humaniste et intelligemment mise en scène, qui rend hommage à «une amitié dans un environnement violent, avec une approche personnelle du réalisateur», comme l'ont décrit les membres du jury. Le prix de la meilleure réalisation est revenu au court-métrage documentaire «La fosse» de Achref Hammami et son équipe et une mention spéciale a été attribuée à la fiction «Femmes» de Mehdi Hajri. Le jury a annoncé le palmarès à la fin de la soirée animée par le metteur en scène Nidhal Guiga et après des mots de bienvenue de l'ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d'Arvor, du directeur de l'IFT, Patrick Flot, de la directrice du Goethe-institut, Judith Mirschberger, et de l'ambassadeur d'Allemagne en Tunisie, Andreas Reinicke, suivis de la remise des diplômes aux participants. Sept projets ont été réalisés dans le cadre de ce concours organisé depuis quatre ans par le Goethe-institut et l'Institut français de Tunisie, placé cette année sous le thème «Limites», choisi «pour explorer la question de la transgression des limites établies par la société qui ne signifie pas forcément le passage vers un monde meilleur». Ce fut une occasion pour les participants de relever le défi d'écrire une histoire et de passer derrière la caméra pour la traduire en images. Ils ont eu le mérite d'avoir donné vie à des films et exprimé une idée et ils auront dans le futur, on l'espère, l'occasion d'évoluer vers une meilleure maîtrise du faire filmique, car, entre l'idée et la réalisation, il y a parfois tout un monde. «La fosse» de Achref Hammami, «Collarbones» de Kenza Zouari, «Rapes ta vie» de Manel Katri, «Femmes» de Mehdi Hajri, «Khalaa» de Maher Hasnaoui, «Ali» de Mohamed Saïed et «Azur» de Marwan Walha ont proposé des développements personnels du thème «Limites», tout en portant à l'écran les questionnements de leurs générations sur les choix de vie qu'ils mènent ou devraient mener. De la survie de jeunes hommes qui vivent dans la rue ou militent pour leur art dans un quartier populaire, à l'anorexie d'une jeune fille bourgeoise, il y a le reflet d'une jeunesse en détresse. Le malaise est partagé sur l'écran comme dans la salle, surtout que l'on n'a cessé de vaciller entre des moments de grâce et d'autres moins glorieux, où les films ont péché par des longueurs et des redondances, entre autres. Ce qui ressort de certains projets est malheureusement un traitement superficiel des sujets abordés qui semblent pourtant tenir à cœur à leurs auteurs. On se demande s'ils ont eu assez de temps pour découvrir leur terrain, leurs personnages et l'outil caméra. Les sept projets sélectionnés l'ont pourtant été à l'issue d'ateliers de formation en écriture, montage, son et direction d'acteurs avec des professionnels internationaux, sur une durée de huit mois. Le concours aura quand même donné la chance à 35 jeunes cinéastes entre indépendants et étudiants d'écoles de cinéma publiques et privées de vivre l'expérience de produire un film dans toutes ses étapes. De plus, l'équipe gagnante se rendra à Berlin pour le Festival international des courts-métrages «Interfilm» et la seconde assistera au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand. Le Goethe-Institut et l'Institut français de Tunisie soutiendront ensuite la diffusion de ces courts-métrages en Tunisie et à l'international. Avant d'en arriver à cette étape, les prochaines sessions du concours devraient accorder plus d'importance à l'étape de l'écriture.