L'on a pu découvrir, mardi dernier, la première partie (programme A) des courts métrages sélectionnés pour la compétition officielle de la 27e édition des JCC. Le programme annonçait les 6 films suivants : «Har Gaf sayfan» (Hot summer) de l'Egyptien Serif Elbendery, «The boy in the picture» de Hisham Zaman d'Iraq, «A place for my self» de la rwandaise Marie Clémentine, «Akther men youmen», de Ahmed Abdelnasser, «Samt» du Libanais Chadi Aoun et «Lila kalba» de la tunisienne Emna Bouyahya. Le film «Har Gaf Sayfan», qui a inauguré la projection presse, est une fenêtre ouverte sur la société égyptienne. Malheureusement, la copie n'était pas d'une très bonne qualité et l'image en a souffert. Le film s'inscrit dans cette mouvance du récit social, mettant en images la rencontre fortuite entre deux êtres que tout sépare et qui ensemble, le temps d'une journée, vont se réconcilier avec leurs maux et leurs problèmes. Il s'agit de Shawky, un vieil homme atteint d'un cancer et de Doaâ, une jeune femme naïve et qui respire la vie. Les petits problèmes, liés aux préparatifs du mariage de la jeune femme qui s'apprête à se marier le soir même, viennent atténuer un peu le drame que vit l'homme. Deux destinées que tout sépare : lui s'apprêtant à quitter la vie et elle à en commencer une nouvelle. Partageant, le temps d'une journée d'été au Caire, un taxi ensemble, ils retrouvent petit à petit et au gré de petits incidents fortuits le vrai sens de la vie. «A place for my self» de la rwandaise Marie Clementine, qui quoique servant une noble cause fait plus dans le spot de sensibilisation et manque, malheureusement, de force narrative et d'éloquence dans l'interprétation. Il raconte les infortunes d'une petite fille albinos rejetée par ses camarades à cause de sa particularité génétique. Emna Bouyahya a tenté dans son court métrage «Lila kalba» de dénoncer d'une manière satirique la Tunisie de l'après-14 janvier, une société perdue dans ses bouleversements et qui essaye malgré tout de s'en sortir. Avec beaucoup d'humour, elle traite de problèmes liés à la corruption, au laxisme régnant, au terrorisme et d'autres encore. Une bande d'étudiants, trois garçons et deux filles, montent une arnaque qu'ils croyaient bien ficelée pour gagner un peu d'argent, jusqu'au jour où ils se retrouvent pris dans leur propre piège. Les deux étudiantes, se faisant passer pour des filles aux mœurs légères, tentent d'arnaquer des étrangers qui veulent se payer du bon temps, les garçons déguisés en policiers (brigade des mœurs) leur tombent dessus et finissent par s'arranger avec eux à coups de pots de vin. Cela finit par leur tomber dessus, les garçons en route pour rejoindre les filles chez des Libyens, se font contrôler par de vrais policiers qui découvrent leurs «uniformes». Les scènes avec beaucoup d'humour révèlent les infortunes des étudiants : les filles ne sachant pas comment s'en sortir et les garçons subissent les conséquences de leurs actes au poste de police... Coup de cœur pour l'animation «Samt» (15 minutes) du Libanais Chadi Aoun. Ce passionné d'animation, qui poursuit également une formation en danse classique, fait se rencontrer dans un excellent ballet d'images ses deux passions. Un silence suffoquant dans la ville de Ghabra où toute forme d'expression est castrée. Des forces de l'ordre à l'œil inquisiteur s'appliquent à punir les insurgés. Les habitants évoluent tels des automates en silence portant tous le même masque aux traits annihilés et les couleurs sont grises et ternes. Mais une bande de danseurs finit par surgir, de temps à autre, pour danser, ramener un peu de couleurs et narguer cette agonie lente. Ces révoltés finissent par le payer cher mais l'espoir est toujours là... Le film avec beaucoup de subtilité et une grande poésie est une introduction à une société dysfonctionnelle sur le point d'imploser.