Sur le marché européen — son marché traditionnel par excellence —, la Tunisie a reculé de la 5e à la 9e place, en tant que fournisseur de l'Union européenne en habillement. Un recul qui traduit une baisse de la compétitivité du textile et habillement tunisien. Après une année 2015 assez difficile pour le secteur textile et habillement tunisien, enregistrant une baisse de 7% des exportations, il semble que l'année 2016 serait l'année de la relance. Pour les neuf premiers mois 2016, les exportations du secteur ont progressé de 8,38% en valeur par rapport à la même période en 2015, d'après les données du Centre technique du textile. Pour le seul mois de septembre 2016, la progression est de 24%. De même, les importations ont enregistré respectivement aux mêmes dates une augmentation de 10% et de 16%. Pour Samir Haouet, directeur général du Cettex, ces chiffres traduisent un regain de confiance de la part des donneurs d'ordre. «Aujourd'hui, les atouts de la Tunisie sont toujours là en termes de proximité, de savoir-faire, d'expertise technique. Mais nous devons œuvrer à améliorer l'image du secteur», précise-t-il, lors du séminaire organisé, le 8 novembre, par le Cettex avec le concours du Centre de promotion des exportations (Cepex), de la Fédération nationale du textile et du Pôle de Compétitivité Monastir-El Fajja (Mfcpole). Mea culpa et repositionnement Avec plus de 1.700 entreprises et plus de 161 mille emplois, le textile et habillement tunisien représente un secteur stratégique pour l'économie tunisienne, bien qu'il y ait eu plusieurs fermetures d'entreprises et des pertes d'emploi durant les cinq dernières années. «Il est le 2e secteur exportateur dans le pays et emploie un tiers de la main-d'œuvre dans l'industrie manufacturière», lance Zied Laadhari, ministre de l'Industrie et du Commerce. Il ajoute que le gouvernement travaille sur la conception d'une stratégie nationale pour la promotion du secteur, misant sur l'appui aux entreprises, l'exploration de nouveaux marchés et le renforcement de la formation. Une stratégie qui devra également redonner au secteur textile et habillement et le repositionner par rapport à ses marchés traditionnels et le soutenir pour attaquer d'autres marchés porteurs. Sur le marché européen — son marché traditionnel par excellence —, la Tunisie a reculé de la 5e à la 9e place, en tant que fournisseur de l'Union européenne en habillement. Un recul qui traduit une baisse de la compétitivité du textile et habillement tunisien, surtout dans la période post-révolution. Responsabilité partagée Pour Nafaa Ennaifer, président de la commission économique de l'Utica, représentant de la Fenatex, le secteur avait une place de choix jusqu'à l'année 2011. Mais depuis la révolution, il y a eu une perte de confiance de la part des investisseurs. «Avec tout cela, nous entendons de fausses explications sur les raisons de ce recul telles que la baisse de la consommation sur les marchés traditionnels et la concurrence des pays asiatiques. Mais nous devrons faire notre mea culpa et reconnaître que nous sommes tous responsables de cette situation», affirme-t-il. Il indique que plusieurs erreurs ont été commises, principalement en se concentrant sur des marchés en déclin, tels que la France et l'Italie. Selon l'Institut français de la mode (IFM), la consommation des ménages en France a reculé de 13% depuis l'année 2008. Pour les huit premiers mois 2016, l'évolution est de -1,8%. M. Ennaifer précise que les entreprises tunisiennes devraient se redéployer sur d'autres marchés porteurs comme l'Espagne qui enregistre une reprise de la consommation. Toujours selon l'IFM, l'Espagne enregistre une reprise de +3,3% en 2016 par rapport à l'année 2015. Le représentant de la Fenatex indique également que les structures d'appui doivent jouer un rôle plus actif pour appuyer les entreprises dans leurs efforts de redéploiement et de renforcement de leur compétitivité. Il indique qu'il existe deux actions stratégiques pour le secteur : la modification des règles d'origine et l'accès au marché américain. Nouveaux marchés De son côté, Rachid Zarrad, directeur général-adjoint de l'entreprise Sartex, spécialisée dans le jeanswear et le sportswear, affirme que les entreprises du secteur font face à plusieurs défis, tels que le manque de main-d'œuvre et la hausse des coûts de l'énergie et aussi des obstacles au niveau des structures administratives gérant le secteur, surtout à l'export. «Au niveau national, il faudra promulguer des mesures pour lutter contre les importations illégales et le marché parallèle. L'entreprise tunisienne a besoin d'un grand soutien de la part de l'Etat pour pouvoir produire et innover. Elle est capable de proposer au consommateur tunisien des produits de qualité avec des prix raisonnables», souligne-t-il, en indiquant que les entreprises du secteur doivent aussi miser sur l'amélioration de leurs capacités techniques, humaines et financières pour pouvoir être compétitives. M. Zarrad ajoute également que sa société travaille actuellement sur l'accès au marché américain, précisant que cela pourra donner plus d'élan pour la branche du jean. «Si nous parvenons à ouvrir cet accès, il est possible de créer de 30 à 50 mille postes d'emplois rien que pour cette branche», explique-t-il.