Le poète a dit : on n'oublie rien de rien, on s'habitue, c'est tout. Mais eux n'ont ni oublié, ni s'y sont habitués. Eux sont Nabil Karoui et son épouse Salwa Smaoui, qui, près de quatre mois après le décès accidentel de leur fils Khalil, n'arrivent toujours pas à comprendre ce qui s'est passé en cette nuit du 21 août 2016. Et c'est d'ailleurs l'objet de la conférence de presse qu'ils ont donnée hier à Tunis. « Sur le papier, le jeune conducteur du véhicule, dont le dérapage a entraîné la mort de notre fils, n'avait bu qu'à peine une bière et demie des heures avant l'accident et le véhicule qui s'est renversé en dérapant roulait à soixante-dix kilomètres à l'heure. « Or, explique Nabil Karoui, ni les expertises ni les témoignages ne donnent quelque crédit à cette version des faits ». Pour poursuivre : « Une prise de sang pour déterminer le taux d'alcoolémie du conducteur effectuée le soir pour un accident survenu à l'aube, ça c'est dur à avaler ». « On veut nous faire admettre cette version des faits. Si nous, nous avons la chance de pouvoir nous exprimer, qu'en est-il des petites gens et autres personnes démunies victimes de méfaits étouffés et d'ignobles manœuvres ? C'est à cela qu'il faut mettre un terme. Il faut que la justice reprenne ses lettres de noblesse ». « Nous nous apprêtons à créer une association de prévention routière à l'adresse des jeunes pour éviter qu'ils ne soient fauchés à la fleur de l'âge. Que leur dirions-nous ? Buvez, conduisez, semez la mort et vous êtes couverts ? ». « Nous acceptons la destinée de Khalil, mais, de là à avaler une version des faits traficotée, là c'est trop », conclut Nabil Karoui. Emouvante et affectée, Salwa Smaoui dit tout simplement que tant que les circonstances de l'accident ne sont pas élucidées, il lui est impossible de retrouver le sommeil ». Et d'enchaîner: « Rien de personnel, nous voulons juste connaître ce qui s'est passé et dénoncer « l'écosystème » diabolique qui maquille les vérités et les circonstances, juste pour en avoir le cœur net et retrouver le sommeil ».