Quinze ans déjà depuis la promulgation de la loi 32 datant de 1999 relative au système national des statistiques et ce dispositif n'a pas fait ses preuves, dans la mesure où il a manqué à son rôle de locomotive de fournir les indicateurs d'évolution et de développement nécessaires. Aujourd'hui, en cette nouvelle conjoncture, il n'est plus question de naviguer à vue. Peu importe le secteur ou la catégorie des utilisateurs qui en ont besoin, la donnée statistique est toujours d'actualité Maintenant que son plan d'action de réforme judiciaire et pénitentiaire 2016-2020 a été engagé pour une justice équitable et de qualité, le ministère de tutelle a mis le cap sur une base de données utile, transparente et beaucoup plus fiable. Avec l'appui du Conseil national de la statistique (CNS) et le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées à Genève, le département de M. Ghazi Jeribi a tenu, hier matin à Tunis, un workshop avec pour objectif « renforcer le système de production et d'utilisation des statistiques sur la criminalité en Tunisie ». A cet égard, la prévention et la répression du crime requièrent, à vrai dire, de nouveaux outils de collecte et d'analyse pouvant, de la sorte, orienter la politique pénale de l'Etat et influencer la prise de décision. Au même titre que la gestion des flux migratoires, la lutte anticorruption, terrorisme et crimes organisés. Savoir exploiter le « big data » est aussi de mise. Ouvrant les travaux, Mme Najet Ben Salah, du cabinet du ministre de la Justice, a mis en avant l'importance des données statistiques dans l'élaboration du plan de développement national en général et la politique pénale en particulier. Celle-ci, estime-t-elle, ne peut être efficace si elle ne tient pas compte des indices les plus précis et pointilleux, servant de référence dans l'étude de l'état des lieux et la proposition des solutions appropriées qui soient en harmonie avec un cadre juridique évolué. D'autant plus que l'établissement d'une telle plateforme chiffrée et bien détaillée est de nature à garantir le droit du citoyen à l'information à temps. L'information statistique comme priorité Et Mme Ben Salah de faire remarquer que l'amplification du phénomène criminel, doublée de ses risques et périls sur la sécurité, nécessite de plus en plus le recours à l'information statistique actualisée. Mais, exige aussi un usage à bon escient et un échange d'informations au double plan national et international, dans l'objectif de conjuguer les efforts de lutte contre le crime qui sévit partout dans le monde. D'après elle, cette catégorie d'informations demeure une des priorités du ministère de la Justice dans la mise en œuvre de son plan de réforme globale 2016-2020, s'y ajoutant des ressources humaines hautement qualifiées et des techniques de pointe, en étroite coordination avec les principaux producteurs locaux des statistiques, à savoir l'INS et le CNS. Ce dernier est une institution publique qui veille sur la bonne gestion des chiffres et leur mise à profit auprès des utilisateurs concernés. Son président l'ex-ministre du Commerce, Ridha Lahoual, a mis l'accent sur la révision de la situation : « Devenue obsolète, il est temps d'abroger l'ancienne loi 32 et pallier ainsi les défaillances dont souffre le système des statistiques en Tunisie...», insiste-t-il. Dans le même ordre d'idées, il a relevé qu'une nouvelle loi sera, bientôt, adoptée, portant sur tous les principes de la statistique et le code de conduite régissant tous les intervenants, dans la perspective d'assurer à ce secteur des lendemains meilleurs. En ce qui concerne la criminalité, tous types confondus, il a indiqué qu'il n'y a pas suffisamment de données qui illustrent la réalité tangible des choses. De telle sorte qu'on ne peut aucunement préparer des enquêtes statistiques dans n'importe quel domaine d'activité. Les recommandations de ce workshop constitueront un point de départ vers un nouveau système d'information statistique moderne en matière de criminalité. De son côté, Mme Mouna Zgolli, directrice à l'Institut national des statistiques (INS), s'est focalisée sur les cinq axes fondamentaux qui sous-tendent la mise à niveau du système national des statistiques prévue dans le cadre du prochain plan de développement 2016-2020. Il s'agit, d'après elle, d'organiser la production statistique suivant nos besoins nationaux prioritaires, de mettre l'utilisateur au centre d'intérêt dans tout ce processus, d'améliorer le rendement, de renforcer la coordination entre les structures intervenantes et de développer une culture statistique, afin de permettre au citoyen et aux médias de jouer leur rôle dans l'identification des questions de développement.