VIENNE (Reuters) — Les Etats-Unis et leurs trois principaux alliés européens ont accusé hier l'Iran de chercher à intimider l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) en récusant certains de ses inspecteurs. Le conseil des gouverneurs de l'agence, a déclaré l'ambassadeur américain auprès de l'agence, pourrait envisager des sanctions sur ce point précis. Yukiya Amano, directeur général de l'Aiea, avait estimé il y a quelques jours que le rejet des inspecteurs avait pesé sur le travail de l'agence en Iran. Téhéran affirme que les deux inspecteurs en question, récusés en juin, ont livré de fausses informations, mais l'Aiea a défendu leur professionnalisme et leur impartialité. L'affaire a exacerbé les tensions entre l'organisation viennoise et la République islamique tout en relançant les soupçons qui pèsent sur son programme nucléaire. «C'est sans précédent de la part d'un Etat de récuser des inspecteurs parce qu'ils rendent compte avec exactitude (...) de ce qu'ils voient et ce qu'ils entendent», a dit l'ambassadeur des Etats-Unis, Glyn Davies, selon une copie de son discours. Téhéran, a-t-il ajouté, cherche «manifestement» à intimider les inspecteurs et à influencer leur travail. «Affirmer que l'Iran n'a pas fait preuve de la coopération nécessaire est inexact et fallacieux», s'est indigné son homologue iranien, Alio Asghar Soltanieh, s'adressant au conseil des gouverneurs. «Il est regrettable que le directeur général (de l'Aiea) soit passé complètement à côté des faits», a-t-il ajouté. Dans une déclaration lue pendant une réunion à huis clos du conseil des gouverneurs, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne estiment quant à elles que «le refus iranien de coopérer pleinement avec l'Aiea et ses tentatives délibérées de l'empêcher de mener à bien sa mission en territoire iranien sont (...) troublants et répréhensibles». «Les autorités iraniennes cherchent clairement à intimider l'agence afin d'influer sur sa capacité à rendre compte au conseil et à appliquer efficacement le régime de précaution sur son territoire», ajoutent-elles. La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne forment avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine, le groupe des «six» qui négocie avec l'Iran sur ses activités nucléaires.