Depuis l'entrée en vigueur du nouveau ratio de liquidité, l'encours des bons de trésor, qui constitue les actifs les plus liquides, progresse à un taux mensuel moyen de 2,4%, soit en termes annuels de 33%. Le total des dépôts dans les banques tunisiennes a évolué de 2%, à fin juin 2016, à 51,45 milliards de dinars, par rapport à décembre 2015. Les dépôts des particuliers, qualifiés de stables, ont connu les meilleures évolutions comparativement aux dépôts des institutionnels, considérés plus volatils, selon le Rapport annuel sur la supervision bancaire 2015, que vient de publier la Banque Centrale de Tunisie (BCT). En effet, le total des dépôts des institutionnels a poursuivi sa tendance baissière depuis 2013, régressant de 10,3%, à fin juin 2016, par rapport à décembre 2015, pour se situer au niveau de 5,3 milliards de dinars. Ces dépôts ont été à hauteur de 6,76 milliards de dinars, en 2014, et au niveau de 6,82 milliards de dinars en 2013. Selon le document, cette forte régression est due au «resserrement de la trésorerie de certains institutionnels, notamment les caisses de retraite et de sécurité sociale». S'agissant des dépôts des particuliers et des sociétés, le rapport fait état de l'évolution de ces dépôts respectivement de 3% et de 4,4%, durant les six premiers mois de l'année en cours, à 26,84 milliards de dinars et 12,50 milliards de dinars. La BCT a expliqué l'évolution positive des dépôts des particuliers par l'entrée en vigueur d'un nouveau ratio de liquidité (novembre 2014), lequel «permet de pallier les insuffisances de l'ancien ratio... qui ne tenait pas compte des engagements hors bilan». Depuis l'entrée en vigueur du nouveau ratio de liquidité, l'encours des bons de trésor, qui constitue les actifs les plus liquides, progresse à un taux mensuel moyen de 2,4 %, soit en termes annuels de 33%. Par conséquent, la part de ces titres dans le total actif est passée de 5,6% avant l'entrée en vigueur du ratio, à 7,6% à fin juin 2016. Cette évolution est expliquée par la qualification des bons de trésor comme étant des "actifs liquides de niveau 1" (...), ce qui incite les banques à détenir ces actifs pour améliorer leurs ratios de liquidité. Par ailleurs, l'institut d'émission souligne que la part des crédits à la clientèle a préservé sa place dominante au sein du bilan des banques (67%). Dans l'ensemble, les dépôts dans les banques tunisiennes sont composés essentiellement de comptes à vue (19,53 milliards de dinars), de comptes d'épargne (15,66 milliards de dinars), de comptes à terme et bons de caisse (12,67 milliards de dinars) et de certificats de dépôts (3,6 milliards de dinars). Progression des produits bancaires islamiques Alors que les produits bancaires islamiques ne représentent que 5% des actifs bancaires en Tunisie, à fin 2015, ils présentent un potentiel de croissance important, avec une évolution qui a atteint une moyenne annuelle de 23%, durant la période 2010-2015. Selon le Rapport annuel sur la supervision bancaire 2015, que vient de publier la BCT, le total des dépôts dans ces banques s'est élevé, à fin décembre 2015, à 2,501 milliards de dinars, alors que le total des crédits s'est situé au niveau de 1,930 milliard de dinars, fin 2015. Par ailleurs, le total des actifs des banques islamiques, qui comptent un effectif de 1.213 personnes et un réseau de 107 agences, s'est élevé à 4 milliards de dinars en 2015. Il est à rappeler, que le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, avait annoncé, dernièrement, que l'Institut d'émission est en train d'étudier une demande pour la création d'une nouvelle banque islamique, à l'initiative d'un Tunisien résidant à l'étranger en partenariat avec des investisseurs étrangers. Disponible en Tunisie depuis les années 70, la finance islamique a été renforcée par l'adoption d'une nouvelle loi organisant ce mode de financement (loi n° 48 du 11 juillet 2016). La BCT se penche, actuellement, sur l'élaboration de deux circulaires complétant la loi n° 48. La première va définir les opérations de la finance islamique (El Mourabaha, El istisnaa et El Moucharaka), et sera promulguée avant la fin de l'année en cours, alors que la seconde présentant les conditions de l'exercice de cette finance, à travers les fenêtres islamiques au sein des banques classiques, le sera durant le premier semestre 2017.