Plus d'une fois entraîneur national et DTN, Hizem n'écarte pas la possibilité de voir se répéter le mois prochain au Gabon le scénario surprenant de l'édition sud-africaine d'il y a 21 ans déjà. «Ma modeste expérience m'a appris que tout est question de mental et de dispositions psychologiques. Le fait même de passer le premier tour met en confiance. Puis, plus vous avancez, et plus vous bénéficiez d'un mental de fer. Fort heureusement, notre sélection a su surmonter toutes les difficultés de la phase éliminatoire, dont notamment la défaite au Liberia. En plus du fait de se trouver sur une courbe ascendante, la Tunisie n'a aucun complexe à se faire tant le niveau général des uns et des autres est très proche. Certes, nous n'avons pas aujourd'hui une sélection capable d'aller jusqu'en finale. Mais, en football, il n'y a pas de certitudes, la preuve? Rappelez-vous la CAN 1996 en Afrique du Sud. Le même Kasperczak venait alors de rajeunir l'équipe. Deux années après sa prise de fonctions, personne ne le soupçonnait capable de mener ses jeunes troupes vers un exploit aussi sensationnel. S'ils n'étaient pas opposés en finale à l'équipe organisatrice, les nôtres auraient sans doute ramené le trophée. Vous me diriez qu'un exploit ne se répète jamais une autre fois. Je vous répondrais que tout est possible, que les grandes nations du football ne sont plus stables : avec l'Egypte, le Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Maroc, on doit s'attendre tout à la fois au meilleur et au pire. Le Nigeria sera absent, ce qui constitue une première surprise, alors que la Guinée-Bissau sera présente pour la première fois en phase finale : vous voyez quel genre de surprises nous réserve désormais le foot continental ! Les joueurs compétitifs d'abord ! Dans la poule «B», la nôtre, l'Algérie, qui traverse un mauvais moment, et le Sénégal, la nation la plus redoutable parmi celles que la Tunisie va rencontrer, se situent plusieurs crans au-dessus du lot. Je ne vois pas, en effet, le Zimbabwe se placer au diapason des autres. Avec la Tunisie, cela fait donc trois équipes pour deux sièges. Il nous faut y aller avec une volonté de fer et la parfaite conviction que nous pouvons passer ce cap. Et là, je n'insisterai jamais assez, le volet mental sera déterminant. Autre facteur déterminant : la compétitivité. Quelle que soit sa valeur, un joueur qui fait le plus souvent banquette ne peut pas apporter grand-chose, y compris parmi les expatriés. Un grand dilemme en perspective pour Kasperczak qui possède toutefois suffisamment d'expérience pour gérer ce genre de situations. Je dois avouer que j'ai malgré tout un faible pour Anis Ben Hatira. Je l'ai vu rentrer comme remplaçant devant la Guinée, aux éliminatoires de la Coupe du monde, à Monastir, le 9 octobre dernier. Huit minutes seulement après son entrée en jeu à la place d'Abdelkader Oueslati, il doublait la mise, mettant les siens à l'abri au terme d'un superbe exploit technique. Je crains fort que le milieu offensif du SV Darmstadt (Bundesliga 1) ne soit mal exploité en sélection. Quant aux possibles révélations tunisiennes dans la CAN, je pense surtout à Wahbi Khazri, très combatif, poumons d'acier et plein d'énergie et de dynamisme, ou pourquoi pas à Ben Hatira, à condition de lui donner une chance. Je redoute en revanche un effet de saturation qui affecterait le rendement des internationaux de l'ESS. Ils accumulent un nombre considérable de rencontres. De plus, le pressing qu'ils pratiquent consomme beaucoup d'énergies et exige énormément d'efforts. Bref, ils me paraissent saturés. Au bout du compte, confiés à un sélectionneur aussi sérieux, rigoureux et réaliste que le Franco-Polonais Henry Kasperczak, les Aigles de Carthage peuvent aller très loin quand bien même je les vois mal enlever le trophée».