Il n'y aucune raison pour que l'équipe nationale, potentiel technique et tactique respectables, ne joue pas sur sa vraie valeur et va jusqu'au bout. Une question de mental et d'adresse sur les matches à enjeu. Toute une génération de footballeurs en sélection a raté son passage en ratant deux Coupes du monde de suite (2010 et 2014), et en se limitant à atteindre au meilleur des cas les quarts de finale (2012 et 2015). Nous avons beaucoup perdu en termes de compétitivité africaine. Premier tour en 2010 et 2013, et puis deux quarts de finale avec une élimination «polémique» contre la Guinée équatoriale sur un coup de pouce arbitral qu'on ne peut oublier. Bref, les statistiques ne sont pas favorables à la sélection, notamment à la CAN où nous ne sommes plus un favori pour jouer les premiers rôles, tout comme d'autres sélections prestigieuses, mais qui n'ont plus que les souvenirs d'un passé glorieux (le Maroc en premier lieu comme exemple flagrant). Cette chute, ce recul frustrant pour le public de la sélection qui ne veut pas admettre la réalité, a des raisons. Plus que des raisons, un paradoxe entre ce que la sélection pouvait et peut faire, et ce qu'elle a fait et fait encore. De deux choses l'une : ou bien cette génération de joueurs internationaux est limitée et a été surestimée, ou que les sélectionneurs et la FTF n'ont pas su gérer les vestiaires et les matches- clefs. Sans oublier également que pour les deux hypothèses qu'on a retenues, il y a un fait «footballistique» indiscutable. L'ordre en Afrique a changé. Les sélections traditionnellement connues pour leur palmarès n'ont plus cette facilité devant les sélections émergentes. Ce n'est pas parce qu'on est le Nigeria ou le Cameroun que la victoire ou les demi-finales d'une CAN sont une évidence. Certes, les ténors continuent à rafler la CAN (l'Egypte, le Zambie, le Nigeria et la Côte d'Ivoire), mais on a une concurrence de plus en plus rude, des grands qui ratent même une qualification à la CAN et à la Coupe du monde. Donc, nous n'avons plus la facilité ni la distance d'il y a 20 et 15 ans. Abondance... La génération qui a raté deux coupes du monde et qui n'a pas réussi mieux que l'étape fatidique des quarts de finale a affiché toutes ses limites. De cette génération, il y en a encore ceux que Kasperczak a retenus pour la CAN. Les Ben Chrifia, Balbouli, Sassi, Syam Ben Youssef, Abdennour, Msakni, Khelifa ont disputé les éliminatoires de la Coupe du monde 2014 (défaite face au Cameroun). Maâloul, Khazri, Akaïchi, Msakni, Yaâcoubi et les autres les ont rejoints pour former à partir de 2014 un groupe, sur le papier, fort techniquement et individuellement. Quand on voit la liste des joueurs à la disposition de Kasperczak, on se demande pourquoi ne pas rêver de jouer les premiers rôles. Rêve permis ? Absolument. Il n'y a pas de raison pour qu'une équipe où évoluent des joueurs comme Khazri, Msakni, Sassi, Lahmar, Ben Amor, Khenissi, Oueslati, Ben Youssef, Balbouli, ne va pas jusqu'au bout. Le concentré technique et d'expérience est là, pourquoi alors toutes ces difficultés à la CAN avant même l'arrivée de Kasperczak ? Deux facteurs à notre avis : d'abord, ce blocage au stade du premier tour et par la suite aux quarts. C'est devenu comme un «complexe» pour notre sélection qui craque à ce stade, même si, potentiellement, elle est capable de faire mieux. Il y a également un autre élément à ne pas oublier : les sélectionneurs les plus compétents sont ceux qui savent choisir les meilleurs joueurs pour le premier tour et pour la suite du parcours suivant le type de match et d'adversaire. Nous avons beaucoup souffert de la manière de gérer les détails tactiques de la CAN non seulement avec Leekens, mais aussi avec Sami Trabelsi (très limité à ce sujet), Benzarti (trois nuls à la CAN 2010), et avant eux Lemerre qui n'a pas fait mieux que les quarts en 2006 et 2008 après avoir gagné en 2004 (édition remportée en Tunisie avec un concours de circonstances que l'on connaît). CAN 2017? Tous les ingrédients, en théorie, sont là. Mais il manque de trouver la bonne formule, les bonnes astuces et de mettre les joueurs devant leurs responsabilités. Ce qu'on a vu contre la Guinée et la Libye n'augure pas d'une CAN à la hauteur. Qu'est-ce que nous avons souffert, qu'est-ce que nous avons mal géré tactiquement les deux matches. Et pourtant, il y a une abondance au niveau du poste de créateur : Khazri, Lahmar, Bguir, Sliti, et voilà maintenant M'sakni qui revient. A Kasperczak de bien faire son travail ! Et à l'encadrement fédéral de bien gérer les vestiaires et l'entourage de la sélection à la CAN!