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Rien ne vaut le lieu où on a vu le jour !
Lu pour vous — Il pleut des avions
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 02 - 2017

Gilbert Naccache nous semble s'adresser d'abord aux Tunisiens de toutes confessions, même si ce roman distille des thèmes universels, pour nous convier à la nostalgie ; nostalgie d'une ville cosmopolite, nostalgie d'une époque dans les yeux d'un enfant, nostalgie d'une jeunesse somme toute insouciante, peut-être pour nous mener à la révélation du plus simplement humain dans notre être.
Un bombardement des alliés qui tourne mal. A La Marsa, des victimes civiles tombent. Le père de Jo, personnage principal du roman, est parmi eux. L'enfant ne parvient pas à saisir l'étendue du drame et s'il ressent seulement qu'il est irréversible, il est sous une sorte de choc qui le laisse quasiment sans réaction... Mais voilà qu'il commence à faire d'étranges cauchemars à répétition, des avions qui tombent du ciel comme s'il s'agissait d'une pluie monstrueuse.
Une ville grouillant de vie
Au fur et à mesure que les pages s'égrènent, on se prend inconsciemment à penser qu'un bon scénariste pourrait aisément tirer un feuilleton du Ramadan de ce roman. Ce ne sont pas les scènes qui manquent dans cette ambiance tunisoise à satiété avec en prime, et ce n'est pas peu, les images saisissantes de ce Tunis cosmopolite qui culmina dans la première moitié du dernier siècle : les cafés et la nonchalance des désœuvrés, les boutiques et les stratagèmes des boutiquiers, les pharmaciens plus notables que jamais, les blondes à manteau de fourrure beige, la synagogue et autres lieux de culte, les cinémas, les marchands de granite, les marchés, les enfants des immeubles de la classe moyenne d'alors, les débits à huile des Sfaxiens, les épiceries des Djerbiens, les fiacres des Maltais... le tout pêle-mêle pour donner une ville grouillant de vie.
Une ville qui trouve sa continuité naturelle à la ville-village de La Marsa où beaucoup de ces Tunisois se retirent au moment des grandes chaleurs pour la «khilaâ» (villégiature), dont les Nahum pour lesquels cet exode est d'autant plus naturel qu'ils y possèdent un café. Mais cet année-là, après la disparition du père de Jo dans le bombardement des alliés, c'est la mère qui fait tourner l'affaire, alors que l'insouciance des enfants ne semble pas avoir été touchée outre mesure, du moins en apparence, car la vie finit par reprendre ses droits, n'est-ce pas ? Ils grandissent à vue d'œil et ils ont leurs habitudes, la plage, «Qobbet-el-hawa» (la Coupole), le tram TGM, les terrasses...
«Ni rire ni pleurer, comprendre»
C'est à cette période que commencent les pensées nostalgiques car ce monde, qui rendait Tunis si singulier, était en train de disparaître. La «hara» (quartier judaïque) ne pouvait suivre le courant du siècle et finit par disparaître, l'arrivée des ruraux, l'animation disparut de la rue de Londres, les gens devenaient de simples passants, la venue de l'électricité, l'arrivée des radios, électroménager... et surtout les gramophones qui firent découvrir à Jo la musique classique, Abdelwahab et Oum Kalthoum.
Jo grandissait, mais il fallut quelques années avant qu'il ne prenne vraiment son envol d'adulte. C'est à Paris qu'il fit ses premières armes et qu'il connut ses premiers émois amoureux, la vie à deux, l'engagement politique et militant, les grands dossiers de l'heure comme l'Algérie et le souffle des indépendances, les sentiment d'un nouveau départ... Pourtant, tout cela ne valait pas, émotionnellement parlant, la ville où il vit le jour et où il avait été pendant des années immergé dans le bain du cosmopolitisme qui est devenu une seconde nature. Et c'est une sorte de ‘Citoyen du monde' que Jo était devenu en rentrant à Tunis en 63, même si les souvenirs continuaient à planer sur son destin, des souvenirs d'aguerrissement, comme d'amours contrariées qui n'eurent pour effet sur ce caractère mesuré que de l'incliner à la tempérance en toutes choses, en amour comme en tout, faisant sienne la devise de Spinoza «Ni rire ni pleurer, comprendre», même s'il devait plutôt pleurer que comprendre. Pour passer le cap, Jo s'était dévoué en France à aider les jeunes Tunisiens, garçons et filles, à l'apprentissage de la mixité, à s'habituer à Paris, à ne pas rester confinés entre Tunisiens, à leur faire découvrir de nouveaux endroits... la blessure de Jo se refermait, il reprenait sa fringale de vivre.
Et c'est le sens de ce roman-nostalgie ; où l'on passe de la nostalgie d'une ville cosmopolite à la nostalgie d'une époque dans les yeux d'un enfant vers la nostalgie d'une jeunesse somme toute insouciante d'un Tunisien qui est à l'image de nous tous : en quête continuelle de soi, à la recherche d'une âme et de la révélation du plus simplement humain.
Il pleut des avions, 318p., mouture française
Par Gilbert Naccache - Editions Chama, 2016.
Disponible à la librairie Al Kitab, Tunis.


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