« Il faut prêcher par excès de confiance », selon le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, chargé de la Production agricole, M. Omar El Behi Le charançon rouge du palmier et la bactérie « Xylella fastidiosa» (syndrome du déclin rapide de l'olivier-Ndlr) guettent nos cultures. Devant une telle menace, le bureau sous-régional de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), en collaboration avec l'Union du Maghreb arabe (UMA), le ministère tunisien de l'Agriculture et l'Organisation pour la protection des végétaux au Proche-Orient (Neppo), organise depuis avant-hier jusqu'à aujourd'hui (ce mercredi) un atelier d'échange sur ces deux espèces de ravageurs des productions agricoles au Maghreb et pour mettre en place un réseau maghrébin pour la protection des plantes. Selon le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, chargé de la Production agricole, M. Omar El Behi, ce workshop a pour finalité d'élaborer une politique régionale commune entre les pays membres du l'Union du Maghreb arabe afin de barrer la route à ces deux fléaux. La prévention à tout prix « Des experts tunisiens, algériens, libyens, marocains et mauritaniens vont se pencher sur ce dossier qui a un impact direct sur nos productions agricoles. Certes, il n'y a pas de remède contre le charançon rouge du palmier et la bactérie « Xylella fastidiosa », mais nous devons axer nos efforts sur la prévention. Il est extrêmement important de se prémunir contre ces deux maladies et éviter leur propagation. C'est pour cela que nous soutenons la mise en œuvre d'un module de procédures et d'un plan d'action à court et à long terme pour échanger et partager l'information entre les pays membres, faciliter l'accès à l'expertise et surtout coordonner et harmoniser les stratégies de lutte. Comme je le dis toujours, il faut prêcher par excès de confiance », fait savoir, M. Omar El Behi. De son côté, le représentant de la FAO en Tunisie et coordinateur de son bureau sous-régional pour l'Afrique du Nord, Lamourdia Thiombiano, a précisé que le rôle de l'agence onusienne est d'apporter un soutien technique en encadrant les efforts déployés par les gouvernements des pays membres de l'UMA, notamment la Tunisie, en vue de réduire le risque d'introduction de ces ravageurs de plantes et assurer une meilleure lutte contre la propagation de ces maladies transfrontalières. « Outre la détection précoce sur le terrain et en laboratoire, les experts réunis dans cet atelier de travail auront l'opportunité d'échanger leurs expériences et renforcer le networking pour mettre en place des plans d'actions communs. Primo, la FAO a formulé avec l'UMA un projet de coopération technique. Secundo, notre organisation agit pour renforcer les capacités en formant des formateurs contre la propagation de ces maladies. Tertio, nous jouons aussi le rôle de facilitateur en collaboration avec l'UMA », déclare-t-il. La Tunisie sur le qui-vive Pour ce qui est de la Tunisie, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, chargé de la Production agricole a évoqué l'existence d'une stratégie nationale contre ces deux ravageurs. « Pour la bactérie « Xylella fastidiosa » et le charançon rouge du palmier, il existe déjà un plan d'action national à travers le travail de commissions nationales qui veuillent attentivement pour éviter toute contamination », ajoute-t-il. Il a, par ailleurs, souligné qu'en vertu d'une circulaire publiée, le 27 décembre 2016 par le ministère de l'Agriculture, il est désormais strictement interdit d'importer des plants d'olivier et des plantes ornementales. S'agissant des espèces fruitières, le département agricole a interdit l'utilisation des plants provenant des pays ayant connu une propagation de la bactérie comme l'Italie, la France (la Corse), l'Allemagne et l'Espagne. « La Xylella Fastidiosa est une bactérie transmise et véhiculée par des insectes vecteurs qui s'attaquent à un très large spectre de végétaux hôtes: vignes, oliviers, pruniers, amandiers, pêchers, abricotier, caféiers, chêne, luzerne, laurier-rose, etc. Ses symptômes sont le flétrissement, les brûlures des feuilles et, dans les stades les plus avancés, le dessèchement des rameaux (notamment la houpette des arbres), suivis de la mort de la plante dans les cas les plus graves (laurier-rose, oliviers, amandiers, chêne...) », lit-on dans un manuel du ministère de l'Agriculture. Il reste à signaler que dans la région du Maghreb, lors de la réunion du conseil ministériel maghrébin de l'Agriculture qui s'est tenue à Tripoli en 2013, il a été recommandé de créer un réseau maghrébin de protection des plantes. L'exportation des dattes se porte bien Et au mois d'avril 2016, à Tanger, en marge de la réunion d'urgence pour lutter contre le charançon rouge du palmier et la bactérie « Xylella fastidiosa », le comité phytosanitaire de l'UMA, en collaboration avec la FAO, a décidé de renforcer la collaboration avec les pays européens voisins et de créer un réseau méditerranéen de protection de plantes. Ce réseau s'inscrit dans le cadre de la coopération Europe/UMA, notamment le dialogue 5+5 initié en janvier 2001, par les ministres des Affaires étrangères des 10 pays à Lisbonne et entériné par le premier Sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement du Forum du bassin ouest de la Méditerranée qui a eu lieu à Tunis en décembre 2003. Il s'appuie également sur le Processus de Barcelone pour la création de l'Union pour la Méditerranée lancée à Paris en 2008, ainsi que la politique européenne de voisinage (PEV) élaborée en 2004. Enfin, M. Omar El Behi a rappelé que la production oléicole a atteint cette année 100 mille tonnes, soit une baisse de 29% par rapport à la campagne précédente, selon les données officielles publiées par le Conseil oléicole international (COI). En revanche, pour les palmiers dattiers, toujours d'après le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, la récolte a été très bonne. « Pour cette saison, à ce jour, nous avons exporté l'équivalent de 240 millions de dinars, surtout pour la variété « Deglet Ennour », soit une augmentation de 40% par rapport aux recettes générées par la campagne précédente », conclut-il.