L'Espérantiste ne mélange pas fiction et réalité. Le réalisme oriente le rendement des joueurs et lui donne un sens. Il y a à l'Espérance des données qui ne souffrent pas la contestation. Ceux qui connaissent de près le club, qui ont vécu des moments exceptionnels et inoubliables, savent parfaitement que leur équipe se donne à chaque fois, et dans n'importe quelle épreuve, un rendez-vous avec l'histoire. Dans tout ce qu'elle entreprend et dans ce qu'elle est censée accomplir, elle n'incarne pas seulement le présent, elle ressuscite le passé et elle se projette dans l'avenir. Ici et là, il y a une vraie philosophie de jeu, une structure de club stable, un système clairement défini et un style propre et assumé. Mais la coupe et son lot d'émotions à nulles autres pareilles font que la rivalité ne dépend en aucun cas ni des noms, ni de la forme du moment. Il faut dire que l'équipe espérantiste ne mélange pas souvent fiction et réalité. L'une ne sert jamais en effet de décor pour l'autre. Le réalisme oriente le rendement des joueurs sur le terrain et lui donne la plupart du temps un sens. L'efficacité est souvent partout. La détermination et l'envie de réussir s'indiquent comme tels. Elle est le genre d'équipe qui ne fait pas les choses à moitié, en coupe ou en championnat. La volonté a de tout temps brisé les tabous et les préjugés car les joueurs sont dans l'obligation de ne jamais abdiquer, de ne rien céder. Ici et là, il y a une équipe et des joueurs condamnés à gagner. En coupe, ce que l'Espérance mais aussi d'autres équipes avaient suscité est une bénédiction pour le football. Il faut dire qu'une rivalité dans ce genre d'épreuve n'est jamais soumise à la domination d'une seule équipe. Face à Zarzis cet après-midi pour le compte des quarts de finale, l'EST devrait dissiper le souvenir amer d'une finale perdue contre le même adversaire. Il s'agit là de l'un des chapitres les plus frustrants dans l'histoire de l'équipe en coupe. Si elle a dépassé ce sombre souvenir, notamment avec des consécrations hautement significatives, l'EST ne manque pas de laisser entrevoir chaque fois, et à sa manière, un enthousiasme jamais compromis pour ce genre d'épreuve. D'ailleurs, il y a encore une revanche dans l'air face au même adversaire. Mais quels que soient le contexte et le nom de l'équipe d'en face, l'Espérance aura toujours un statut à défendre, une tradition à préserver. Ce n'est pas toujours facile, mais le défi mérite chaque fois d'être relevé. Elle compte sur les hommes, mais aussi sur les moyens et les arguments qu'elle ne cesse de valoriser d'une épreuve à l'autre. Pareille stratégie a souvent porté ses fruits. L'on ne voit pas pourquoi il n'en sera pas de même pour l'avenir. La performance au quotidien Dans l'expression collective, dans le message que les personnes agissantes, tout particulièrement le président du club, Hamdi Meddeb, s'efforcent de délivrer, l'Espérance donne de plus en plus l'impression de pouvoir évoluer. Il y a justement de ces opportunités qui servent pour rebondir encore davantage. De tout temps, l'Espérance a pris l'habitude de se revendiquer dans les différents contextes. Aussi bien dans la sérénité que dans les difficultés. Il y a toujours de nouvelles alternatives destinées notamment à relooker le style de l'équipe, à étoffer le registre dans lequel s'expriment les joueurs et dans lequel le jeu prend forme. Il y a d'ailleurs tant de promesses dans une équipe de plus en plus remise en question, recomposée. Le rendement des joueurs sur le terrain, le jeu développé renvoient l'image d'un ensemble qui n'a qu'une seule alternative : la performance au quotidien. La force de l'EST réside dans l'équilibre, l'efficacité et la rigueur du résultat. Mais emportée par une masse de supporters d'exception, elle fonctionne aussi à l'affectif. Elle peut encore aller de l'avant avec un condensé de fraîcheur qui fait à la fois sa force et son charme. Le match de cet après-midi face à l'ESZ s'inscrit dans la même ligne droite qui fait de la coupe une motivation d'exception. C'est le genre de match qui, bon ou mauvais, laisse des souvenirs et qui donne l'envie de réaliser ce qu'est vraiment une épreuve de la coupe. C'est une tout autre musique qui se joue. Dans son aspect particulier, ce n'est peut-être pas un autre match, mais c'est un autre monde.