Les équations de départ selon les goûts ou les humeurs nous apparaissent comme étant la conséquence d'une déformation qui a conditionné l'équipe espérantiste au-delà de sa réelle vocation. L'impression que l'on peut avoir à propos des prestations de l'Espérance dans sa double confrontation avec le TPMazembe concerne un groupe incapable de rendre simple les choses compliquées sans jamais parvenir à valoir son droit de s'imposer. On a rêvé, sans que cela se vérifie sur le terrain, d'une équipe prête à tout faire pour défendre la primauté des valeurs sportives, les vraies. Celles qui donnent la possibilité d'empoigner son sujet avec autorité et détermination tout en prenant compte de la nécessité des adaptations. De certaines exigences. Le souvenir nous échappe, en quelque sorte, de pareils fléchissements de la part de l'équipe espérantiste, habituée à un genre de comportement tout autre et d'une plus grande envergure. Que ce soit à Lubumbashe ou Radès, il y avait quelque chose qui empêchait les joueurs de s'exprimer pleinement et à travers une marge de liberté dans le jeu. Si on tenait à ce que les "Sang et Or aient vraiment un style et une raison d'être sur le terrain, on aurait dû favoriser un comportement tourné autour des priorités d'un autre genre et qui, de toute évidence, ressemblent à ceux que l'on est censé rencontrer dans les moments difficiles. Comme le fait d'avoir la nette conviction de pouvoir forcer son destin. Dans un pareil contexte et à travers autant de contraintes, l'on ne saurait être accessible à tel ou tel relâchement. A un football de bas étage. Les priorités espérantistes telles qu'elles s'étaient imposées au lendemain de la débâcle du match aller n'étaient pas au fait difficiles à deviner. La valeur de l'effectif dont disposait l'entraîneur imposait des considérations de jeu mieux adaptées, en tous les cas beaucoup plus assumées que ce que l'on a pu constater au stade de la finale de la Ligue des champions. De par ses aptitudes, l'Espérance était capable de mieux et de plus. Les dispositions et les qualités d'un bon nombre de joueurs devaient susciter plus d'inspiration dans le jeu et une manière de gérer le match conforme aux véritables besoins de l'équipe. Incontestablement, l'EST avait particulièrement intérêt à échapper au cumul d'insuffisances et de défaillances qui l'empêchent du reste à faire face aux exigences du haut niveau. La question qui ne cesse de revenir concerne justement les aptitudes de l'équipe. Que lui manque-t-il justement pour que son parcours, dans ses différentes étapes, soit à la hauteur de ses aspirations ? De quoi aurait-elle besoin dans un environnement footballistique en grande mutation ? Il nous semble que l'équipe espérantiste éprouve beaucoup de mal à s'adapter au modèle incontournable qu'il aimerait bien reproduire. Souvent placée à l'échelle continentale, rarement élue, elle était pourtant tenue de savoir, sans doute plus que toute autre équipe, que les résultats, les exploits ne se revendiquent pas, ils se méritent. Elle aurait pu dans cette perspective donner un autre sens à son parcours, à son "destin" africain. L'on ne cessera jamais de le répéter, autant que cela demeure nécessaire : l'EST devait faire appel dans chaque épreuve au respect du jeu et de ses valeurs. Si elle tient vraiment à se mette en marche et à se donner le droit de défier des adversaires qui ont pris une plus grande dimension, elle n'a désormais qu'une seule alternative. Celle d'un projet de jeu qui s'adapte aux véritables besoins de l'équipe et qui ne soit pas le plagiat d'autres modèles. Quelque part, la formation espérantiste aurait besoin de la notion de l'exception. Elle ne peut pas, elle ne doit pas être une équipe ordinaire, statique, mais plutôt celle qui évolue sans cesse tout en donnant à ses joueurs l'opportunité d'apprendre et de prendre la bonne direction, surtout lorsqu'elle se trouve dans l'obligation d'agir sur le cours des événements. "Abîmée" par le système Cela n'a pas été jusqu'ici le cas en Ligue des champions et, pourtant, elle avait vraiment de bonnes raisons pour le faire si elle avait réellement pensé à fonder le jeu sur les prédispositions naturelles de ses joueurs, à développer jusqu'au bout l'idée du rendement collectif et des convictions partagées. La confusion qui a régné au sein de l'équipe à l'occasion de la finale africaine n'est pas le fruit du hasard et ne date pas non plus d'aujourd'hui. Elle se projette dans le temps et dans l'espace en ce sens qu'elle traduit une accumulation d'insuffisances et de manquements de tout genre, au point que l'on ne parvient plus, dans l'état actuel des choses, à trouver les solutions les plus adéquates. Pourtant, les prises de position continuent toujours à être édictées par les acteurs eux-mêmes, dans des rôles similaires et avec les mêmes alternatives. A chaque fois, on espère que cela puisse un jour s'améliorer. Mais les mesures proposées sont assez symptomatiques de la manière avec laquelle on appréhende l'équipe et on juge les dispositions des joueurs. On voudrait qu'ils soient bons et à la hauteur des aspirations et des ambitions, qu'ils se donnent pleinement sur le terrain. Mais sur le terrain, ce n'est pas aussi simple que cela et ça peut aller autrement. Ce que l'on demande, ici et là, ce que l'on suggère, ce qu'on voudrait aussi imposer n'est pas aussi facile à mettre en place que ce que l'on croit, ou encore ce qu'on a voulu faire croire. Il nous semble que c'est à ce niveau-là que l'on serait tenté de creuser les idées, d'élever les débats. On s'épargnerait ainsi des polémiques stériles... Les équations de départ selon les goûts ou les humeurs nous apparaissent comme étant la conséquence d'une déformation qui a conditionné l'équipe au-delà de sa réelle vocation.