« La présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères demeurent les principaux acteurs de la diplomatie tunisienne», a assuré, hier, le porte-parole du Mouvement Machrou Tounès, Hsouna Nasfi, à la suite de la réaction de la présidence de la République vis-à-vis de la rencontre qui a réuni, mercredi, dans la ville libyenne de Benghazi, une délégation du parti et le maréchal Haftar. Pour la présidence de la République, le ministère des Affaires étrangères est la seule partie habilitée à mettre en œuvre la politique étrangère de la Tunisie et toute action diplomatique doit être coordonnée au préalable avec les autorités de tutelle. Selon Nasfi, « le mouvement Marchou Tounès n'a aucune intention d'agir au nom de l'Etat ou de prendre sa place». Le mouvement, qui se présente comme une alternative au pouvoir, a toutefois le droit et le devoir d'avoir une vision et une stratégie claires de ses relations étrangères, a-t-il tenu à souligner. « La rencontre qui a réuni une délégation du mouvement Machrou Tounès et le maréchal Khalifa Haftar vise à nouer des relations entre le parti et les acteurs influents dans la région», a-t-il précisé. « Le dénominateur commun qui rapproche le mouvement Machrou Tounès du maréchal Khalifa Haftar est la guerre contre le terrorisme», a-t-il encore expliqué à l'agence TAP. « Des représentants du parti se sont rendus, à plusieurs reprises, dans des pays étrangers, sans pour autant que leurs déplacements ne posent de problèmes», a-t-il rappelé. Par contre, le mouvement Ennahdha agit au nom de l'Etat et conclut des accords en l'absence de toute réaction des autorités officielles, a-t-il regretté. Le secrétaire général du mouvement Machrou Tounès, Mohsen Marzouk, avait dénoncé, le 29 janvier dernier, l'annonce par le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, d'une réunion à Tunis des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye. Avec le concours de composantes de la société civile, le député du mouvement Ennahdha, Ahmed Laâmeri, avait conclu avec des parties libyennes «non officielles» un accord qui prévoit l'échange des marchandises et du carburant entre les deux pays, selon le député du bloc parlementaire Al-Horra de Machrou Tounès, Mohamed Troudi. Dans un communiqué rendu public, mercredi, par le mouvement Machrou Tounès, le secrétaire général du parti, Mohsen Marzouk a dit avoir informé le président de la République de sa rencontre avec le maréchal Khalifa Haftar et qu'il envisage de lui communiquer les résultats de la visite ultérieurement.Dans un communiqué, mercredi, la présidence de la République a démenti toute coordination du secrétaire général du mouvement Machrou Tounès avec elle ou avec le ministère des Affaires étrangères au sujet de sa rencontre avec le maréchal Khalifa Haftar. « La présidence de la République n'a reçu qu'un simple coup de téléphone le jour même de la rencontre», selon la même source. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, s'est entretenu, mercredi, au siège du département, avec le vice-président démissionnaire du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente libyen, Moussa Al Kouni. Selon un communiqué du département, la rencontre a donné lieu à l'examen de l'initiative du président Béji Caïd Essebsi visant la résolution de la crise en Libye. L'entrevue a également permis de passer en revue les résultats de la réunion qu'a eu, lundi dernier, le président de la République avec les ministres tunisien, algérien et égyptien des Affaires étrangères. La réunion a été couronnée par la signature de la Déclaration de Tunis pour un règlement politique global de la crise en Libye. Par ailleurs, Jhinaoui a informé son hôte des résultats de la réunion ministérielle tripartite, tenue le 19 février, au siège du département pour rapprocher les points de vue et réunir les conditions de succès du dialogue politique. Le ministre a affirmé que la Tunisie est favorable à tout règlement de la crise par le dialogue et les moyens pacifiques. « Tout règlement de la crise en Libye passe obligatoirement par le dialogue», a-t-il insisté. De son côté, Al Kouni a salué l'initiative du président Béji Caïd Essebsi visant la résolution de la crise en Libye, rendant hommage aux efforts de la Tunisie en vue d'inciter les protagonistes libyens à réaliser la réconciliation nationale.