La décision du Parlement libyen installé à Tobrouk de revenir à la table de dialogue politique inter-libyen destiné à trouver une issue à la crise qui secoue ce pays, représente une nouvelle perspective de sortir de l'impasse. La Tunisie qui a proposé une initiative de médiation en collaboration avec l'Algérie et l'Egypte doit se saisir de ce nouveau développer pour la relacer d'autant plus qu'elle n'a pas évolué depuis sa présentation. On rappelle que dans le sillage de l'attaque menée mi-mars dernier par des groupes armés extrémistes islamistes contre la région du Croissant pétrolier abritant les plus importants gisements et ports pétroliers du pays, le Parlement libyen a décidé en guise de protestation de suspendre sa participation au dialogue politique parrainé par les Nations unies. Ces installations pétrolières sont contrôlées par l'armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar qui est allié au Parlement. Toutefois, ce retour du Parlement à la table des négociations est assorti des conditions ayant trait à certains amendements relatifs d'abord à la composition du Conseil présidentiel du gouvernement d'Entente nationale qui doit être formé d'un président et de deux vice-président au lieu de six actuellement. Ensuite, autre condition posée par le Parlement, l'amendement de l'Accord politique en supprimant le controversé article 8 qui décide que tous les postes de responsabilités sont considérés comme vacant et c'est au Conseil présidentiel de décider des nouvelles nominations. Le Parlement exige aussi que les rencontres du dialogue politique se tiennent sur le territoire libyen. Preuve d'une embellie dans le processus politique libyen, le chef de la Mission des Nations unies en Libye, Martin Kobler a repris son bâton de pèlerin en prêchant la paix. Il s'est réuni à Tripoli, jeudi avec le président du Conseil suprême de l'Etat et plusieurs députés partisan de l'Accord politique signé en décembre 2015 à Skhirat au Maroc, pour relancer le processus politique libyen dans l'impasse depuis plus mois. Auparavant, le responsable onusien s'est rendu à Tobrouk siège du Parlement où il s'est entretenu avec le président du Parlement, Aguila Saleh, sur les solutions à trouver à la crise. Ainsi, cette annonce de retour au dialogue politique a permis décrisper l'atmosphère en Libye marquée par les affrontements armés et une escalade dans les déclarations des protagonistes ce qui entraîne l'impasse. Opportunité de relance pour l'initiative tunisienne La reprise de l'option du dialogue politique en Libye, représente une opportunité pour la mise en œuvre de l'initiative de médiation de la Tunisie dans la crise libyenne. Parrainée par l'Algérie et l'Egypte, l'initiative de paix du président Béji Caïd Essebsi consiste à réunir tous les protagonistes libyens pour les inciter à trouver une solution politique négociée libyo-libyenne. Depuis son lancement en mars dernier à Tunis, l'initiative de médiation tunisienne en Libye fait du surplace et n'a pas réussi à réaliser des progrès ni même à réunir les parties libyennes. Invité officiellement en Tunisie par les autorités, le maréchal Khalifa Haftar, un personnage clef sur la scène politique et sécuritaire en Libye, n'a pas encore répondu à l'invitation. Le maréchal Haftar l'homme fort de l'Est de la Libye qui détient les clefs de la solution a reçu à Benghazi le président du Mouvement Machrou Tounes, Mohsen Marzouk, dans une rencontre considéré par certains analystes comme une tentative de la part du Marzouk de torpiller l'initiative du président Béji Caïd Essbsi. Ce n'est pas l'unique tentative de faire échouer l'initiative de paix de la Tunisie. En effet, l'Egypte bien qu'ayant adhéré à la médiation de la Tunisie avait à la veille de la rencontre tenté de réunir le président du Parlement libyen Aguila Saleh, le maréchal Khalifa Haftar et le président du Conseil présidentiel, Fayez Al-Sarraj mais ont fait capoter cette réunion pour éloigner les positions entre ces protagonistes. Il est de notoriété publique que Khalifa Haftar est l'homme de l'Egypte qui partage de nombreux intérêts communs notamment la lutte contre les groupes islamistes actifs dans la région Est frontalière avec l'Egypte. Malgré le double jeu auquel se livre l'Egypte, l'initiative tunisienne a de forte de chance d'aboutir si le gouvernement en particulier la diplomatie s'investit activement dans le rapprochement des protagonistes libyens. Le retour du Parlement qui représente le camp de l'Est libyen, à la table de négociations doit être exploité par la Tunisie pour donner un coup de pouce à l'initiative. Tous les efforts doivent être déployés pour faire venir Khalifa Haftar en Tunisie et réunir les protagonistes libyens car une solution politique en Libye est garant de la stabilité de ce pays ce qui est dans l'intérêt de la Tunisie.