En visite officielle en Tunisie, la chancelière allemande a souligné, au cours d'une conférence de presse à l'issue de sa rencontre avec le président Béji Caïd Essebsi, la nécessité d'accorder de nouvelles chances et de nouvelles opportunités à ces Tunisiens qui retournent dans leur pays. Elle a indiqué que le ministre allemand du Développement économique a participé à l'ouverture d'un centre de consulting en migration et que l'Allemagne essayera de prendre en considération les besoins de la Tunisie et de fournir entre 14 et 15 millions d'euros supplémentaires pour aider les Tunisiens de retour dans leur pays. Elle a ajouté avoir convenu avec la partie tunisienne d'accorder un délai de 30 jours pour répondre aux demandes formulées par l'Allemagne et d'aider la Tunisie à délivrer les documents d'identité aux Tunisiens se trouvant en Allemagne de façon irrégulière en moins d'une semaine. L'Allemagne a réservé 250 millions euros pour soutenir le développent dans les zones rurales et aider la jeunesse tunisienne, a-t-elle affirmé, faisant observer que les jeunes tunisiens ont besoin de formation et d'opportunités de travail pour pouvoir accéder au marché du travail. Angela Merkel a relevé qu'une délégation économique et commerciale l'accompagne dans sa visite en Tunisie, rappelant que 250 entreprises allemandes offrent des opportunités d'emploi aux jeunes tunisiens. « Nous travaillons en étroite collaboration au niveau économique et du développement ainsi qu'en matière de lutte contre le terrorisme». Dans ce sens, elle a rappelé la visite du ministre allemand de l'Intérieur en Tunisie suite aux attaques terroristes qu'a connues le pays et qu'une coopération est établie entre les deux parties dans le domaine de la protection des frontières, la fourniture des équipements de surveillance et la destruction d'engins explosifs. Sur un autre plan, la chancelière allemande a invité la Tunisie à participer au Groupe des 20 avec l'Afrique. De son côté, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a affirmé qu'une solution a été trouvée pour les Tunisiens concernés par le retour d'Allemagne dans le cadre d'un accord semblable à celui signé en 2012 avec l'Italie. La Tunisie, a-t-il soutenu, assume toutes ses responsabilités et respecte ses accords avec les autres pays, tenant à préciser que cet accord ne porte pas atteinte à la souveraineté de la Tunisie ni à celle des autres pays. Caïd Essebsi a ensuite fait remarquer que les relations entre les deux pays ont connu «un changement profond», à la faveur d'une coopération de longue date et dans divers domaines, dont notamment les secteurs social, sécuritaire et de la migration. La rencontre avec la chancelière allemande s'est focalisée sur la coopération, particulièrement dans tout ce qui intéresse la jeunesse tunisienne et leur formation. Il a indiqué que l'Allemagne a invité la Tunisie à participer à la réunion du G 7 qui aura lieu au Maroc. La visite d'Angela Merkel en Tunisie constitue un saut qualitatif pour les relations entre la Tunisie et l'Allemagne et est bénéfique pour toute la région, a-t-il estimé. A cette occasion, une cérémonie a été organisée en l'honneur de la chancelière allemande au Palais de Carthage sous la président de Caïd Essebsi et en présence de plusieurs membres du gouvernement et des membres de la délégation qui l'accompagnait. La chancelière allemande a d'autre part relevé que l'initiative tuniso-algéro-égyptienne pour un règlement politique global en Libye, placée sous l'égide des Nations unies, est «une bonne action» que l'Allemagne soutient. La situation politique actuelle en Libye est certes difficile, mais il est important de rétablir la stabilité dans ce pays. La stabilité étant étroitement liée à l'émigration, une question que l'Europe œuvre à régler, a fait remarquer Merkel, hier, au cours d'une conférence de presse, à l'issue de son entretien avec le président de la République Béji Caïd Essebsi. Mémorandum d'entente sur l'emploi et la formation De son côté, le président de la République a souligné la solidité des liens historiques et des affinités géographiques avec la Libye, assurant que la sécurité de la Tunisie dépend de la sécurité de la Libye et que cette question demande l'aide et la coopération de la communauté internationale. «La Tunisie est contre la solution militaire. Elle privilégie le règlement politique, loin de toute ingérence étrangère», a-t-il soutenu en substance, mettant en avant le soutien apporté par l'Union européenne à l'initiative des pays voisins de la Libye. D'autre part, un mémorandum d'entente portant création d'un centre tuniso-allemand d'information pour l'emploi, la migration et la réintégration a été signé hier à Tunis. S'inscrivant dans le cadre du programme «Migration pour le développement», le document vise à améliorer la migration légale et l'employabilité des jeunes tunisiens, à travers notamment la désignation d'un point focal en Tunisie auprès de l'Aneti. Ce mémorandum a été signé par le directeur général de l'Agence nationale pour l'emploi et le travail indépendant (Anet), Mustapha Wadder, le directeur du département programmes sectoriels et mondiaux à l'Agence allemande de coopération internationale (GIZ), Andreas Proksch et la directrice de l'Agence centrale de placement pour le travail spécialisé et à l'étranger (ZAV), Kea Decker. A cette occasion, le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Imed Hammami, a indiqué que ce mémorandum contribuera à encadrer davantage la migration des jeunes tunisiens vers l'Allemagne, notamment en améliorant leurs compétences dans le domaine de la formation professionnelle et de l'emploi. Centre tuniso-allemagne d'information De son côté, le ministre allemand de la coopération économique, Gerd Muller, a souligné la détermination de l'Allemagne à créer des emplois pour les jeunes Tunisiens et à aider ceux qui sont de retour d'Allemagne à lancer leurs propres projets dans leur pays d'origine. Plus tôt dans la journée, le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Imed Hammami, et son homologue allemand de la Coopération économique et du développement, Dr Gerd Muller, ont inauguré le premier centre tuniso-allemand d'information pour l'emploi, la migration et la réintégration. Ce centre est un espace ouvert qui met à la disposition des chercheurs d'emploi une panoplie d'informations sur les opportunités d'insertion professionnelle et offre un panel de programmes de formation existant en Tunisie qui aide à la création de projets professionnels. Il accompagne et facilite la réintégration des personnes qui reviennent de l'étranger et qui cherchent à s'installer en Tunisie.