Selon M. Sahbani de l'Observatoire social tunisien, les mouvements sociaux trouvent leur explication dans des raisons particulièrement d'ordre économique, éducatif, administratif et écologique. L'on observe toujours que Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid constituent l'épicentre des mouvements, auxquels s'ajoutent, parfois, Gafsa et Tunis Une première en ce printemps 2017, les mouvements sociaux s'apprêtent à tenir leur congrès national, prévu du 24 au 26 mars à Tunis, alors que les travaux se poursuivront au Cap Bon. Ainsi annoncé depuis l'hiver dernier, à l'initiative du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), l'événement serait aussi crucial, dans la mesure où les jeunes révoltés dans les régions du pays comptent prendre leur destin en main. S'ensuivra, à terme, un nouveau plan d'action sur le terrain, tout en planchant sur les pas suivants. L'ultime but étant de voir leurs demandes d'emploi et de développement dûment satisfaites. Hier, lors d'une conférence de presse, le président du Ftdes, M. Abderrahmane Hedhili, n'a pas manqué d'alerter sur une situation sociale qui va de plus en plus empirer. « Est dans son tort celui qui croit fort que les poursuites judiciaires à l'encontre de ces jeunes demandeurs des droits des plus rudimentaires puissent résoudre le problème et en finir avec les tensions sociales», a-t-il haussé le ton, relevant que plus de 300 jeunes sont l'objet de procès depuis septembre dernier. L'on reviendra à la charge. Voire un retour à la case départ. Le message est nettement clair : que le gouvernement Chahed change de politique à l'égard des mouvements pacifiques et qu'il cesse de les réprimer et de les traîner dans de faux-procès. Seule la voie du dialogue et de la communication l'emportera. Mais l'actuel gouvernement ainsi que ceux qui l'ont précédé ne l'entendent pas de cette oreille. Entretemps, le feu couve encore sous la cendre. Le constat est ainsi établi par le sociologue Abdessattar Sahbani, de l'Observatoire social tunisien (OSC), qui vient de publier les deux derniers rapports mensuels de l'année en cours sur l'évolution des mouvements sociaux dans le pays. Et les chiffres sont aussi éloquents : 949 protestations individuelles et collectives en février, soit une légère baisse par rapport au mois de janvier (970 mouvements). En tout cas, leur rythme semble aller crescendo. Et il y a risque de voir les tensions gagner encore du terrain. C'est que, d'après lui, les mois prochains s'annoncent encore plus violents. Selon M. Sahbani, ces mouvements trouvent leur explication dans des raisons particulièrement d'ordre économique, éducatif, administratif et écologique. L'on observe toujours que Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid constituent, au fil des mois, l'épicentre des mouvements, auxquels s'ajoutent, parfois, Gafsa et Tunis. « Ce qu'on peut remarquer, c'est que ces protestations sont sorties des chef-lieux de gouvernorat pour se concentrer dans les délégations alentour», assure-t-il. Parallèlement, a-t-il ajouté, plusieurs cas de suicide et de tentative de suicide ont été signalés, touchant majoritairement la tranche d'âge 36-45 ans. Soit 106 cas identifiés au mois de février et 79 autres en janvier dernier. Par ailleurs, M. Alaâ Talbi, membre du Ftdes, s'est focalisé sur la présentation de l'Observatoire maghrébin des migrants, une structure nouvellement créée pour garder un œil sur le phénomène de l'émigration clandestine. Il a fait savoir qu'il y aura, régulièrement, des rapports mensuels sur la question migratoire en Tunisie.