«Rai Uno City», dernière création du centre d'art dramatique de Médenine mise en scène de Ali Yahyaoui, ouvre la semaine de la journée mondiale du théâtre organisée par le théâtre national tunisien. La pièce lance le spectateur sur les traces de Mhabheb, un homme de 49 ans, perdu dans les méandres d'une misère sociale ambiante... Immersion brutale et crue dans l'univers d'un quartier populaire, reconstituée sur la scène du 4e Art par la troupe des Arts Scéniques de Médenine, qui refait un tour par la capitale à l'occasion de la Journée mondiale du théâtre, lancée dans la nuit du 24 mars. Une panoplie d'acteurs a endossé le rôle de divers personnages, plus vrais que nature, issus de la classe populaire défavorisée du pays. Embrouilles, crêpages de chignons entre voisinages, délinquance, alcoolisme... les maux d'une classe, souffrant d'oppression économique et sociale, résonnent durant toute la création sur une durée d'environ deux heures. Les acteurs, sans cesse en mouvement, tiennent un discours, cru, dur, teinté d'ironie et d'humour. Un jargon tunisien populaire, plus vrai que nature, qui nourrit l'aspect burlesque de la création. Mais la mise en scène imposante et le discours tranchant des protagonistes n'empêchent pas les spectateurs de se faire broyer par des questionnements et s'empêtrer dans les liens tissés entre les divers personnages. Une mise en scène où les altercations, l'espoir mais aussi le désespoir, les défaites défilent, avec, comme fond sonore, une musique scénique attrayante, dont une partie est tirée de la variété musicale italienne, tout comme le titre «Rai Uno City», qui se réfère à la chaîne de télévision nationale italienne très prisée par toute une génération de Tunisiens. L'Italie, destination rêvée par Mhabheb, et les habitants de ce quartier, avant qu'ils ne se fassent tous piéger par les affres d'une réalité tragique tachée de sang... Yahyaoui a fait appel à des acteurs de théâtre jeunes, issus pour la plupart du Sud tunisien et plus précisément du Centre des arts dramatiques de Médenine, mais aussi à Farhat Dabbech et à Latifa Gafsi, entre autres. Le créateur a tenté d'osciller entre rires et larmes dans une comédie dramatique noire, qui peut plaire... ou déplaire.