Une foule qui rappelle l'engouement débordant du public pour les JCC, mais l'organisation de ces événements d'envergure fait toujours défaut... Le 20 novembre, dans le cadre des Journées théâtrales de Carthage, la pièce «Or not to be» de Anouar Chaâfi a été présentée à 16h30 et à 19h30. Deux rendez-vous programmés successivement à l'occasion du 400e anniversaire du décès de Shakespeare, commémoré lors des JTC 2016. Un vacarme émanant d'une foule de spectateurs curieux, impatients mais tendus à l'idée de découvrir ou de rater «Or not to be», une création théâtrale attendue, directement inspirée de l'univers shakespearien et revisitée intégralement par son metteur en scène Anouar Chaâfi et le dramaturge Boukhtir Douma. Bousculades, cris, altercations et colère ont envahi la rue Radhia-Haddad, en plein centre de Tunis, un après-midi de dimanche. Une foule qui rappelle l'engouement débordant pour les Journées cinématographiques de Carthage et l'organisation de ces événements d'envergure, qui fait toujours défaut. Un véritable chaos... avant l'immersion dans l'univers fictif non moins cauchemardesque et chaotique de Shakespeare, sur la scène de la salle du cinéma le Rio. Plongé dans l'obscurité au départ, le public n'a pas tardé à découvrir les protagonistes de la pièce, suspendus, silencieux, s'apprêtant à s'adonner à des échanges verbaux en anglais mais surtout en arabe. Un public attentif, face à cette variété de personnages qui s'abandonnent progressivement dans des mouvements scéniques attractifs. Une mise en scène où les attentes, les affrontements et les défaites défilent tel un panorama, avec, comme fond sonore, une musique apocalyptique des plus saisissantes. Un début attrayant qui lance les prémices d'une trame de fond shakespearienne, où «Othello», «Le roi Lear», «Hamlet» et «Roméo & Juliette» ont fusionné, donnant vie à une création théâtrale inédite de 45 minutes. La troupe, composée d'artistes tunisiens, issus, en partie, du Centre des arts dramatiques de Médenine et de différentes régions, s'est lancée dans des préparatifs effrénés d'une durée de 4 mois, d'après Jihed Fourti, acteur, qui n'en est pas à son premier essai théâtral. Farhat Dabbech met l'accent sur la dimension esthétique du spectacle, décelée dans le texte mais aussi dans la synchronisation des scènes et déclare que c'est «une construction nouvelle, qui se distingue du classicisme théâtral. La dimension symbolique, centrée sur "la mort", traverse les siècles depuis la création de la tragédie de William Shakespeare, jusqu'à nos jours».