La délégation britannique est particulièrement intéressée par les secteurs de l'énergie et des services financiers Une importante délégation britannique sera en visite officielle en Tunisie les 10 et 11 avril. Elle sera présidée par Dr Andrew Parmley, Lord maire de la Cité de Londres, et discutera investissement. C'est une visite qui intervient dans un contexte relativement tendu entre les deux pays, dans la mesure où le Royaume-Uni vient d'adopter, fin mars, des restrictions sur l'utilisation des appareils électroniques sur les vols en provenance de la Tunisie, ce qui a été très mal accueilli par les opérateurs tunisiens qui ont considéré cette mesure comme un coup fatal à la reprise en cours du tourisme. Auparavant, en juin 2015, l'attentat terroriste dans un hôtel à Sousse et dont les principales victimes étaient des touristes britanniques a eu des conséquences désastreuses sur tous les plans. Mais les Britanniques voient les choses autrement. Ils considèrent que les relations tuniso-britanniques, qui ont connu depuis toujours des hauts et des bas, sont maintenant au beau fixe. Les restrictions sur les outils électroniques dans les avions n'ont qu'un caractère conjoncturel, d'autant plus qu'elles ne visent pas un seul pays, l'image de la Tunisie est plus que positive après la réussite de sa transition démocratique et les Britanniques considèrent que la Tunisie peut jouer un rôle de plateforme régionale dans le domaine des affaires, bénéficiant d'une position géographique particulière et disposant de compétences humaines hautement qualifiées. C'est dans cet esprit que s'inscrit la visite de la délégation britannique, particulièrement intéressée par deux domaines : l'énergie et les services financiers. Les Britanniques sont déjà présents à travers plusieurs exploitations pétrolières et gazières. Cela pourrait s'étendre au domaine de l'énergie verte. Et le maire de Londres, en particulier, symbolise la force du capital, puisque la Cité est l'une des places financières les plus importantes au monde et, par là, de nouveaux flux d'investissement pourraient avoir lieu à travers Tunis, bien que les atouts que la Tunisie présente ne soient pas tout à fait connus auprès des opérateurs internationaux. Un grand travail de marketing devrait être accompli pour combler cette insuffisance. . Le potentiel tunisien Sans doute la Tunisie, par sa population de onze millions, n'est pas considérée comme marché potentiel pouvant attirer des millions d'investissements. Mais les Britanniques considèrent que la Tunisie présente un potentiel important pour devenir un hub financier interrégional et l'activité de la private equity où l'investissement dans le capital-risque est fortement envisagé. C'est un domaine qui marche dans le monde, malgré ses inconvénients. Et la Tunisie pourrait en tirer profit, surtout dans ce contexte de morosité et de reconstruction. Par ailleurs, la visite de cette délégation intervient alors que les deux pays sont à la recherche de nouvelles opportunités économiques. En effet, la Tunisie, dont l'endettement a atteint des niveaux critiques, veut se repositionner au niveau international par le développement de créneaux porteurs. Le Royaume-Uni, qui vient d'enclencher son processus de sortie de l'Union européenne, veut bénéficier de la souplesse favorisée par le fait qu'il peut maintenant bouger seul pour monter de nouveaux partenariats « gagnant-gagnant ». Et la Tunisie, semble-t-il, est une pièce maîtresse dans ce contexte... Reste maintenant à savoir si les options choisies par les Britanniques cadrent bien avec les choix de la Tunisie. Car, au fait, tout le monde sait bien que la Tunisie a toujours préféré l'investissement direct à l'investissement dans le capital, et ce, pour créer plus d'emplois et de richesses ; alors que les secteurs ciblés par les Britanniques sont plutôt dans l'énergie et les finances, mais cela ne les empêche pas de croire qu'un pays à la recherche d'un nouveau modèle de développement pourrait opter pour quelque chose de nouveau. Les entretiens prévus dans le cadre de cette visite devraient révéler davantage à ce propos. Et de toutes les façons, il ne faut pas s'attendre à des dons financiers ou même à des crédits, car a-t-on fait savoir que la délégation britannique est plutôt intéressée par le travail avec les Tunisiens...