Les enfants âgés entre 9 et 11 ans se sont exprimés sur les problèmes qui les intriguent, notamment ceux relatifs à l'environnement scolaire et à la sécurité L'élaboration de la stratégie nationale multisectorielle de développement de la petite enfance touche à sa fin. Ce projet d'envergure constitue une première dans la mesure où il tend à combler le déficit de coordination entre les différentes parties concernées par le développement de la petite enfance en vue d'améliorer les services et les prestations spécifiques à cette tranche d'âge dans le respect des principes de l'équité et de l'accès aux droits. Certes, la Tunisie s'aligne parmi les pays arabes les plus investis dans la promotion des droits. Cette position politique reste, néanmoins, plus théorique que pratique, ce qui est bien en-deçà des objectifs tant nationaux qu'internationaux tracés. Le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, en collaboration avec l'Unicef et la Banque mondiale, s'applique, depuis 2014, sur l'élaboration d'une stratégie nationale multisectorielle de développement de la petite enfance. Il organise, ainsi, du 18 au 20 avril à Tunis un atelier national pour la préparation du plan opérationnel de ladite stratégie. L'objectif étant d'identifier à partir du document final validé les différents plans d'actions de chaque partie concernée voire de chaque secteur et de fixer les activités à même de renforcer le travail en commun et la coordination entre les intervenants au profit de la petite enfance. Identification des lacunes et des besoins Lors de la première journée de cet atelier, Mme Faouzia Jabeur, directrice générale de l'enfance au sein du Mffe, a rappelé, non sans enthousiasme, l'acheminement de la stratégie vers les étapes finales de son élaboration. Etablie d'une manière collégiale, la stratégie sera placée sous le signe d'une approche participative, visant l'harmonisation des différentes politiques et stratégies sectorielles touchant à la petite enfance dans le respect des principes et des défis lancés dans le plan de développement économique et social pour le quinquennat (2016/2020). Elle promet, en outre, le renforcement des ressources nécessaires à une meilleure prise en chargé intégrée — car intersectorielle — permettant une meilleure qualité des prestations destinées à la tranche d'âge allant de zéro à huit ans. Le besoin incessant de la petite enfance en matière de services de santé, d'éducation et de protection a été significativement souligné dans le cadre d'une étude analytique, réalisée en 2014 et fondée sur l'Approche systématique pour de meilleurs résultats en matière d'enseignement-développement de la petite enfance (Saber-DPE). Cette étude, réalisée avec l'appui de l'Unicef et de la Banque mondiale, avait dévoilé la défaillante coordination multisectorielle dans ce domaine, d'où l'impératif de combler cette lacune institutionnelle et organisationnelle via l'instauration d'une stratégie multisectorielle. Une stratégie en six axes «Nous avons organisé plusieurs ateliers régionaux et locaux auxquels ont pris part les représentants de toutes les parties concernées, notamment les ministères de la Santé, des Affaires sociales, de l'Education, ainsi que ceux de la société civile. Nous avons aussi mené des consultations axées aussi bien sur les secteurs précités qu'auprès des parents et des enfants, ce qui nous a facilité l'identification des obstacles entravant à l'accès aux prestations ainsi que les besoins de la société et de la petite enfance, en particulier en matière de prestations spécifiques», a indiqué Mme Jabeur. Et d'ajouter que les enfants interviewés, âgés entre 9 et 11 ans, se sont exprimés sur les problèmes qui les intriguent, notamment ceux relatifs à l'environnement scolaire et à la sécurité. «Actuellement, nous sommes en train de finaliser le plan opérationnel qui sera examiné, prochainement, dans le cadre d'un conseil ministériel», a-t-elle ajouté. De son côté, M. Lotfi Belaâzi, directeur de l'animation socioéducative et des loisirs à la direction générale de l'enfance, a souligné l'importance d'orienter le plan opérationnel vers les principaux axes fixés dans le document final validé. Il s'agit, en effet, de six axes majeurs. Le premier concerne les prestations de développement de la petite enfance âgée entre zéro et huit ans, avec une répartition des besoins spécifiques à chaque étape de développement de l'enfant. Le deuxième axe porte sur la promotion du rôle de la famille et la réhabilitation impérative de l'éducation parentale. Le troisième axe concerne les services intégrés et destinés aux enfants vulnérables et en besoin accru de protection. Le quatrième est consacré au respect des normes et à la formation tant basique que celle continue destinée au personnel œuvrant dans le développement de la petite enfance. Le cinquième axe porte sur la qualité des prestations mais aussi sur l'évaluation, le suivi des actions ainsi que sur la recherche. Enfin, le sixième axe de cette stratégie porte sur la communication et l'information sur le développement de la petite enfance et des familles. Le plan opérationnel sera mis en place selon la logique «smart», laquelle logique consiste à user des données et des indicateurs spécifiques pour planifier des projets réalistes car réalisables dans un timing bien défini. Chaque partie concernée sera amenée à présenter son sous-projet ou son projet sectoriel en prenant soin d'identifier les objectifs et le budget alloué à cet effet. «Nous lutterons pour que le développement de la petite enfance puisse bénéficier d'un intérêt plus accru, lequel sera traduit par un budget de l'ordre de 2% du PIB», a souligné le Dr Faycel Ben Salah, consultant. La stratégie multisectorielle pour le développement de la petite enfance sera opérationnelle pour la période 2017/ 2025.