Bien que l'Espérance ait réalisé l'essentiel face aux Congolais de Vita Club pour son premier match de l'étape des poules, son public est resté sur sa faim et plusieurs enseignements sont à tirer. Vendredi dernier, l'objectif principal de l'Espérance Sportive de Tunis était naturellement les trois points de la victoire pour se mettre au diapason de l'étape cruciale de la Champions League africaine. C'est que tous les matches à jouer «at home» se doivent d'être gagnés si vraiment on compte aller le plus loin possible dans la plus prestigieuse des compétitions continentales. Sur ce point, il n'y a rien à dire, les coéquipiers de Khalil Chammam n'auront finalement fait qu'une bouchée d'un adversaire congolais précédé d'une notoriété un petit peu surfaite. Le clair du temps, on a eu droit à une vraie galopade d'entraînement face à un adversaire qui n'avait vraiment pas grand-chose à opposer aux «Sang et Or» à l'exception de quelques contre-attaques loin d'être trop inquiétantes. Même le but encaissé par Moez Ben Chérifia à la 9', suite à l'un de ces rares contres, aurait pu facilement être évité, n'eût été le trébuchement du jeune Montasser Talbi qui a laissé libre cours à l'attaquant congolais Atouba. Précipitation Après ce but de Vita Club, l'Espérance a fait cavalier seul jusqu'au coup de sifflet final de l'arbitre. D'ailleurs, même avant le coup d'éclat des Congolais, les coéquipiers de Ferjani Sassi ont créé et raté au moins trois occasions de but nettes offertes à Fakhreddine Ben Youssef en particulier. L'étau offensif de l'Espérance s'est resserré sans relâche jusqu'à ce que Coulibaly finisse par égaliser au forceps à la 20'. Cinq minutes après, c'est le penalty ramené et marqué par Khénissi. Et il aura fallu attendre la 86' pour voir les protégés de Faouzi Benzarti marquer le vrai but libérateur grâce à Anis Badri. Et même si par moments on croyait que l'Espérance jouait avec le feu en permettant à son adversaire de lui infliger quelques timides frayeurs, il était visible qu'elle s'acheminait inéluctablement vers une victoire facile, voire vers un score-fleuve. Mais c'était sans compter avec l'agaçante et préoccupante précipitation des joueurs de l'Espérance qui s'étaient permis de «réaliser» un énorme gâchis, puisqu'ils ont loupé au moins cinq autres buts faciles, dont deux balles sur le montant, œuvres de Fakhreddine Ben Youssef (58' et 59'). Sur le chapitre de la concentration et de l'application, Faouzi Benzarti aura du pain sur la planche. Un vrai régisseur s'impose Sur un autre plan, les derniers matches de l'Espérance ont laissé entrevoir l'absence d'un vrai régisseur de métier au milieu du terrain capable d'apporter une touche créative et offrir aux attaquants la dernière passe. Cette mission est actuellement confiée à Ferjani Sassi et à Saâd Bguir, mais ces deux joueurs qui sont très doués sur un autre plan n'ont pas le vrai profil du régisseur capable de gérer le jeu offensif de l'équipe et possédant plus d'un tour dans son sac et une panoplie de solutions à proposer. Il est vrai que ce genre de profil ne court pas les rues, mais l'Espérance qui vise toujours grand en a vraiment besoin. En cas de blessure de Ferjani Sassi ou de Saâd Bguir ou par malchance des deux à la fois, on se verra devant un sérieux problème, surtout que les compétitions locale, africaine et arabe exigent un effectif et des doublures à la fois de haut niveau et en nombre confortable. Absence du grand public Un autre fait saillant suscite d'être relaté à l'occasion de cette rencontre : le public ou plutôt l'absence du grand public qui accompagne d'habitude l'Espérance et joue un rôle de boosteur spécialement dans les moments difficiles. Quelques milliers de supporters seulement se sont donné la peine de répondre présent au stade de Radès. Les autres «amoureux» des couleurs «sang et or» ont tourné le dos à ce match jugé peut-être sans grande importance, alors que plusieurs autres ont assailli les cafés pour voir le match à la télévision. En fait, cette défaillance bizarre du public espérantiste est à blâmer car elle lance un message négatif aux joueurs dont le talent et l'enthousiasme ne s'expriment que lorsqu'ils sont transcendés par l'ambiance des gradins. Espérons qu'une fois n'est pas coutume.