Les milliers de postes d'emploi immédiats et ceux programmés pour 2018 offerts par Imed Hammami aux sit-inneurs d'El Kamour ont été refusés. A Kébili, plus précisément dans la délégation de Faouar, l'armée est déjà à l'œuvre pour protéger les sociétés pétrolières Lundi 15 mai, au moment où Zied Laâdhari, ministre de l'Industrie et du Commerce, annonçait aux journalistes que le gouvernement a décidé de s'attaquer sérieusement au déficit commercial en révisant les conventions commerciales signées avec des pays amis, dont en premier lieu la Turquie, et en obligeant les importateurs à arrêter l'importation des produits dits «non essentiels», Imed Hammami, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, était à Tataouine pour poursuivre le dialogue avec les protestataires toujours en sit-in dans la région de Kamour et leur proposer de nouvelles solutions à la crise qui sévit depuis des semaines. Et les informations qui proviennent de la région révèlent que le gouvernement est désormais disposé à recruter, début juin, 1.000 jeunes au sein des sociétés pétrolières et 500 autres en 2018. D'autre part, 1.000 personnes seront recrutées immédiatement au sein de la Société de l'environnement et 1.000 autres les rejoindront en 2018. Encore une autre annonce : il a été décidé de consacrer la somme de 50 millions de dinars au profit du Fonds régional de développement et d'investissement. Toutes ces mesures s'ajoutent aux 64 décisions annoncées par Youssef Chahed, le chef du gouvernement, lors de sa visite le 27 avril dernier à Tataouine. Le niet de la coordination Tout au long de la matinée d'hier, on était dans l'attente de la réponse que la coordination des sit-inneurs allait fournir aux nouvelles propositions du gouvernement. Du côté des observateurs qui analysaient les décisions annoncées par Imed Hammami, le ton général était à l'optimisme et on s'attendait à une réaction positive de la part des sit-inneurs. Malheureusement, les informations parvenues à La Presse, de source syndicale vers 17h00, indiquaient que les propositions gouvernementales n'ont pas été acceptées par les sit-inneurs. Pire encore, ils ont, paraît-il, décidé de fermer les vannes des sociétés pétrolières exerçant dans la région. Un geste qui pourrait les mettre en confrontation directe avec les forces de l'armée nationale déjà en poste pour protéger les sites de production en application de la décision annoncée par le président Caïd Essebsi dans son discours, mercredi dernier, au Palais des congrès à Tunis. Pour en savoir plus, plus particulièrement les raisons qui ont poussé les sit-inneurs à faire la sourde oreille au gouvernement, tous nos appels téléphoniques auprès du gouvernorat et de l'Union régionale du travail n'ont pas eu de suite dans la mesure où tout le monde était en réunion ou s'est déplacé au lieu du sit-in pour suivre la tournure des événements. Des sites électroniques évoquent un malentendu entre les sit-inneurs eux-mêmes partagés entre le refus et l'acceptation des propositions du gouvernement. Quand l'armée a été chargée de protéger les sites de production pétrolière, tout le monde se demandait comment elle comptait procéder face aux sit-inneurs qui s'attaqueront à ces mêmes sites pour les empêcher de fonctionner. Les informations provenant de Faouar (Kébili) montrent que l'armée est déjà intervenue «pour assurer la réouverture de la vanne du gazoduc exploité par la société Perenco et interdire aux manifestants de se diriger vers la société pétrolière Winstar implantée à Faouar-Sud». Il est à rappeler que les jeunes de Faouar ont qualifié «d'absence de sérieux» l'examen de leurs revendications lors d'une réunion tenue, lundi, au siège du ministère de l'Environnement et des Affaires locales en présence des ministres de l'Energie et des Affaires sociales et des secrétaires d'Etat à l'Emploi et à la Production agricole. Et le dialogue de se poursuivre avec ces jeunes appelés, selon le gouverneur de Kébili Walid Louguini, «à mieux élaborer leurs propositions en prévision du prochain Conseil ministériel programmé à Kébili, le 25 mai». Et s'il existe une constatation générale, c'est bien celle de voir le gouvernement continuer à privilégier le dialogue avec les contestataires même si les résultats ne suivent pas encore. Les contestataires, qu'ils soient à El Kamour, Faouar ou à Kairouan, assurent qu'ils n'obéissent à aucun parti politique et qu'ils parlent au nom des jeunes, déçus des politiciens de tous bords. Sauf qu'ils doivent comprendre que la contestation a ses limites et que les jeunes qui les ont mandatés attendent eux aussi du concret.