70% des articles pour enfants, des effets vestimentaires et bien d'autres faux objets sont issus des circuits parallèles Fidèle à sa tradition, l'Organisation tunisienne d'information du consommateur (Otic) tient à Tunis, hier et aujourd'hui, son 3e forum international de la contrefaçon. Un phénomène perçu comme un crime à double impact tant économique que sur la santé du consommateur. Et dans tous les cas de figure, un beau gâchis. «Notre objectif primordial consiste essentiellement à sensibiliser le pauvre consommateur quant aux éventuels risques que présente un produit contrefait, et dont les caractéristiques semblent presque identiques à l'original», signale M. Lotfi Riahi, président de l'Otic. Un vrai danger à peine voilé qui demeure, hélas, encore banalisé. Et c'est là que le bât blesse. Car, du moment que l'espace public se voit investi par des produits frauduleux à l'origine inconnue qui se vendent, au grand jour, sous nos cieux, au vu et au su de tout le monde, leur commercialisation, aussi illicite soit-elle, pose plus qu'un point d'interrogation. Son contrôle par l'Etat est aussi problématique. «Surtout que l'on sait que plus de 70% des articles pour enfants, des effets vestimentaires et bien d'autres faux objets dont on consomme localement sont issus des circuits parallèles», ajoute-t-il. Il impute leur invasion à la prolifération de la contrebande qui n'a fait que saper la marche d'une économie nationale mal en point. Soit, plus de la moitié du PIB vient de l'informel où l'évasion fiscale devient un sport national. Les trafiquants d'hier et d'aujourd'hui n'ont ni foi ni loi. Quitte à prendre le contrôle de tous les secteurs de consommation. Que faire face à ce fléau ? Pour M. Riahi, seulement deux maîtres-mots en guise de solution : «Le contrôle intensif et régulier du marché et le boycott des produits imités». Deux conseils Quant à M. Chiheb Ben Rayana, directeur général de l'Agence nationale du contrôle sanitaire et environnemental des produits (Ancsep) au ministère de la Santé, il a mis l'accent sur l'effet information et conscientisation du public. D'autant que ladite agence s'allie à l'Otic, aux fins d'alerter sur une telle camelote qui séduit une catégorie de consommateurs à faibles revenus. La grande similitude avec une qualité vraie est telle qu'elle les induit en erreur. Et d'ajouter que l'agence joue un rôle de coordination et d'appui aux autres organismes et structures de contrôle au niveau tant environnemental que sanitaire. « Ce contrôle de la contrefaçon nous concerne à trois niveaux, à savoir les jouets pour enfants, les fournitures scolaires et les produits cosmétiques d'une manière générale», précise-t-il. Selon lui, l'intervention se fait suite à des requêtes et des plaintes qui leur sont parvenues par des consommateurs. « A chaque fois qu'il y a des cas signalés, on répond présent», relève-t-il. Sans qu'il oublie, en conclusion, de donner deux conseils : «Consommer à travers des circuits organisés et apprendre à dénoncer tout produit contrefait». Le droit d'informer A défaut de s'informer et d'informer, la contrefaçon continue à être une hydre économique incontrôlable. Est-elle un mal nécessaire ? Pour certains, oui. Le reste n'a pas les moyens de sa lutte. Mais, il faut la combattre, quant même, insiste Mme Leila Ksouri, sous-directeur au ministère du Commerce. Face à ce phénomène qui a gagné en ampleur, la sécurité de l'économie est en jeu. Il y va également de la santé du consommateur. Toutefois, malgré l'arsenal juridique dont dispose l'Etat depuis longtemps, rien n'est fait jusque-là. Pire, la situation s'enlise de plus en plus. Qu'en est-il de la stratégie d'éradication établie en 2006 ? Où sont les agents de contrôles ? Quel rôle confié audit conseil national de la contrefaçon, créé il y a huit ans? Des pas franchis à cet effet, dites-vous. Mais, la réalité contredit tout. En marge de la manifestation, des produits contrefaits déjà saisis ont été détruits sur le bas-côté de l'avenue Bourguiba, en signe de refus d'une telle qualité médiocre. Ce geste dénonciateur s'inscrit dans la foulée des festivités marquant, ces jours-ci, la Journée mondiale anti-contrefaçon.