Une rumeur sur la présence du coléoptère dans les oasis du sud vient d'être formellement démentie par un expert de la FAO. Mais la vigilance reste de mise. Une vidéo qui circule sur le Net inquiète aujourd'hui les techniciens et les experts spécialisés dans la protection des plantes. En effet, cette vidéo est un documentaire qui a été réalisé dans l' oasis du gouvernorat de Kebili. Le ton y est alarmant. Selon des témoignages recueillis sur place par le reporter du documentaire, le charançon rouge, un redoutable parasite qui a provoqué des dégâts considérables au Maroc, en Mauritanie et qui est responsable de 90 millions d'euros de pertes en Europe, aurait déjà attaqué des palmiers dans le sud, mettant, ainsi, en péril la prochaine récolte de dattes. Une information qui a été formellement démentie par Noureddine Nasr, fonctionnaire technique chargé de la production végétale et de la protection des plantes. Dès son apparition en 2011 dans la banlieue nord de Tunis — il était niché dans les palmiers d'ornement de la variété qui ont été importés de l'étranger —, le protocole de lutte contre le parasite a été rapidement engagé afin de le circonscrire et d'éviter qu'il ne se propage et cause, ainsi, d'importants dommages à d'autres palmiers. Outre les mesures d'urgence qui ont été prises, l'endothérapie, le piégeage de masse et le piégeage de prévention constituent les principaux mécanismes de lutte auxquels ont recours les techniciens pour détruire et prévenir la contamination d'autres palmiers par le parasite. Depuis 2011, ce dernier a été détecté à Carthage et à La Marsa et s'est ensuite propagé à la délégation de La Soukra. Au cours de ces trois dernières années, sa présence a été également signalée à Borj Cédria, Hammam-Lif et à Utique (Bizerte). Contrairement à ce qui a été colporté, il n'a pas encore atteint les palmeraies du sud qui se trouvent à plus de 400 kilomètres du lieu où il a été détecté. Mais le risque est réel dès lors qu'il peut se propager à grande vitesse car il a cette capacité de se déplacer facilement par n'importe quel moyen (accroché aux vêtements d'un voyageur, au pneu d'une voiture, à une meule de foin...). La menace viendrait notamment de Tripoli (Libye) où a été détecté récemment le charançon rouge qui a également contaminé des palmiers d'ornement et des palmiers dattiers dans les villes de Tobrouk et de Benghazi. La capitale se trouverait à moins de 400 kilomètres des palmeraies du sud. Selon Noureddine Nasr, les mesures de protection et de sécurité doivent être renforcées au niveau de la frontière tuniso-libyenne qui enregistre quotidiennement un flux de transports et de passagers dense, ce qui augmente le risque que le coléoptère ne soit introduit accidentellement, accroché au pneu ou aux vêtements de voyageurs. «Il faut rester très vigilant en renforçant l'interdiction des palmiers d'ornementation et des palmiers dattiers provenant des zones infestées, a souligné à ce propos l'expert de la FAO. Il faut également renforcer les mesures de sécurité et de protection au niveau de la frontière. Au début de l'année, nous avons également élaboré un programme de coopération technique tuniso-libyen en matière de lutte contre le charançon rouge. Or, il n'a toujours pas été mis en application. Il est temps de l'activer», a, par ailleurs, ajouté M. Nasr. Lors de la dernière réunion qui s'est tenue à Tanger sur les risques des ravageurs et des maladies végétales et animales et sur leur impact sur le développement économique et social et la sécurité alimentaire, un groupe d'experts de Mauritanie, du Maroc, d'Algérie et de Tunisie a élaboré une base de données qui comporte la liste des organismes nuisibles, des mesures et des produits phytosanitaires utilisés, ainsi que des experts, des laboratoires spécialisés dans les études et les recherches sur les ravageurs et les maladies animales et végétales qui menacent le patrimoine végétal des pays de la rive nord et sud de la méditerranée et de la zone Mena. Cette base de données, hébergée sur le site web de l'organisation pour la protection des végétaux au Proche-Orient (Neppo), sera opérationnelle à la fin de l'année et accessible à tous les techniciens et experts qui veulent s'informer sur la présence et les procédés de lutte contre les ravageurs et les maladies infectieuses dans les pays voisins.