A défaut de gros sous, on se rabat sur la formation... «Quand on n'a pas le sou, il ne faut pas jouer au riche», sommes-nous tentés de dire comme Jacques Brel. Les responsables cabistes ont hérité de leurs prédécesseurs un déficit jamais égalé depuis la fondation du CAB en 1928. Dans de telles conditions, il est utopique de penser que les Nordistes pourront jouer dorénavant les premiers rôles dans une compétition qui s'avère, de saison en saison, à deux vitesses. Il y a d'abord les clubs qui bénéficient de beaucoup d'apports financiers et ceux qui attendent qu'on vienne à leur secours. Le déséquilibre est net, ce qui se répercute sur la sérénité des joueurs et donc, par ricochet, sur les résultats. On peut parfois faire des étincelles, mais jamais supporter l'endurance. Il s'agit désormais de faire, pour la plupart des clubs, de la figuration ou de lutter pour se maintenir parmi l'élite. C'était le cas du CAB au cours de l'exercice qui vient de s'écouler. Le professionnalisme exige que l'on ait beaucoup de rentrées d'argent, le non-amateurisme également. Le club nordiste ne peut se ranger ni dans l'un ni dans l'autre. Il est condamné à se rabattre sur la formation des jeunes en attendant des jours meilleurs. Le président actuel Abdessalem Saïdani a toujours aidé, par le passé, les catégories écoles, minimes et cadets notamment et a même été joueur. Il y a donc un effort pédagogique à faire pour convaincre le public «jaune et noir» de la nécessité de passer par la formation pour récolter les fruits plus tard. On a tenté l'expérience avec Youssef Zouaoui comme manager général et Nejmeddine Oumaya comme directeur technique des jeunes du temps de Mehdi Ben Gharbia, mais les conditions de travail n'étaient pas favorables, puisqu'on a cherché les résultats immédiats. On a voulu préparer une génération susceptible de concurrencer en permanence les meilleures équipes mais on a vite mis fin à ce projet pourtant annoncé en grande pompe par l'ex-président du CAB sous l'influence des supporters. Aujourd'hui, l'actuel président n'a pas beaucoup de choix. A défaut de pouvoir éponger le colossal déficit, il est sage de composer avec les moyens du bord, c'est-à-dire opter pour un programme à moyen ou long terme, se fixant pour objectif des projets de talents. Quand on a en mémoire Wajdi Jabbari, Hatten Baratli, Iheb Mbarki, Farouk Ben Mustapha, Hamza Mathlouthi, Ali Machani, Adam Rejaïbi, Fakhreddine Jaziri et tout récemment Med Habib Yaken, Jassem Hamdouni pour ne citer que ceux-là, on ne peut que soutenir une telle politique...