Pour le responsable de la communication des sit-inneurs d'El-Kamour, Tarek Haddad, la visite du ministre a contribué à envenimer la situation. Une grande marche était prévue hier soir à partir de 21h00 pour dénoncer ce qu'il appelle « les propos du ministre d'Ennahdha » Malgré l'apparente fermeté du gouvernement face aux protestataires d'El-Kamour à Tataouine, les négociations se poursuivent pour tenter de trouver, avant la fin du mois de Ramadan, une issue honorable pour les sit-inneurs et réalisable pour le gouvernement. Hier, le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Imed Hammami, qui avait pourtant déclaré il y a quelques jours que le gouvernement « n'avait plus de propositions à faire dans ce dossier », s'est déplacé à Tataouine, pour tenter de faire avancer les négociations. Lundi, onze associations locales ont rendu public un communiqué dans lequel elles se proposent comme médiateurs entre le gouvernement et les sit-inneurs. Elles demandent cependant aux deux parties de se mettre autour d'une table pour résoudre une crise qui a trop duré et qui a trop coûté. Au gouvernement, en revanche, ces associations réclament un programme détaillé avec des deadline, pour la mise en œuvre des décisions prises par le gouvernement en faveur de la région. Une exigence qui arrange les affaires du gouvernement, qui ne demande que cela depuis plusieurs semaines. Si les sit-inneurs ont refusé de lâcher du lest malgré toute la bonne volonté du gouvernement Youssef Chahed, c'est parce que depuis 6 ans, le pouvoir central promet monts et merveilles à la région sans que les citoyens n'en voient la couleur. Ce qu'attendent les sit-inneurs aujourd'hui à El-Kamour, c'est surtout d'être rassurés. Réunion avec des habitants de la région annulée Mais le déplacement hier d'Imed Hammami n'a pas suffi à rassurer. Au contraire, le ministre a été contraint d'écourter sa visite après avoir tenu des propos qui ont fortement déplu à la population locale, majoritairement solidaire avec les revendications d'El-Kamour : « Le ministre a malheureusement jeté de l'huile sur le feu, nous explique Béchir Saidi, secrétaire général de l'Union régionale du travail à Tataouine. Au lieu d'apaiser, le ministre a menacé de poursuites judiciaires ceux qui ont commis des infractions ». Des propos qui ont fait immédiatement réagir une population bouillonnante devant le siège du gouvernorat. Selon Béchir Saidi, le ministre a dû annuler une réunion avec des représentants des habitants de la région. « Ce n'était ni le lieu ni le moment pour parler de ça, nous sommes retournés au point mort », a-t-il estimé. Dans une déclaration faite aux médias, Imed Hammemi a rappelé l'urgence de mettre fin aux perturbations de la production. « Si celles-ci demeurent, même les promesses d'emplois n'auront plus aucun sens puisque les entreprises pétrolières quitteront la région ». Le responsable de la communication des sit-inneurs d'El-Kamour, Tarek Haddad, a pour sa part estimé que cette visite du ministre a contribué à envenimer la situation et annoncé qu'une grande marche devait débuter à partir de 21h00 hier soir pour dénoncer ce qu'il appelle « les propos du ministre d'Ennahdha ». « On verra s'il ira jusqu'à qualifier tout le monde de criminels », lâche-t-il. « Le ministre nous a confirmé aujourd'hui que la seule mission du gouvernement est de créer la « fitna » et de repartir aussitôt », a-t-il déclaré à La Presse. Les habitants ont vu d'un mauvais œil l'obstination du gouvernement à ne plus faire d'offres supplémentaires aux sit-inneurs. A propos du communiqué des onze associations, Tarek Haddad pense qu'il n'ajoute rien au débat. « Ce communiqué a été fait pour préparer la visite du ministre, rien de plus ». A mesure que le temps passe sans qu'une solution ne soit trouvée, le mouvement risque de se radicaliser encore plus et la marge de manœuvre gouvernementale risque fortement d'être réduite. Quant aux entreprises, qui, qu'on le veuille ou non, pensent avant tout au business plan, elles commencent certainement à songer au désengagement.