L'endettement familial a négativement impacté le taux de l'épargne familiale qui a régressé de 11,3% en 2010 à 8,8% en 2014. Les crédits accordés par les banques aux familles tunisiennes ont doublé pour passer, de 10,7 milliards de dinars, en décembre 2010 à 20,8 milliards de dinars, fin mars 2017, selon les derniers chiffres publiés par la Banque centrale de Tunisie (BCT). Ces crédits sont destinés à hauteur de 85% (17,7 milliards de dinars) à l'acquisition d'un nouveau logement ou l'amélioration d'une habitation, alors que 12,8% des crédits (2,6 milliards de dinars) sont orientés vers la consommation. Les crédits destinés à l'achat de voitures sont évalués à 2,93 millions de dinars (MD). Le directeur général de l'Institut national de la consommation, Tarek Ben Jazia, a indiqué, dans un entretien rapporté par l'Agence TAP, que l'évolution moyenne annuelle de l'encours des crédits a atteint 15% depuis 2010, alors que les crédits destinés à la consommation ont progressé de 7% par an, au cours de cette période. Ces chiffres montrent le développement exponentiel du phénomène de l'endettement familial en Tunisie , ils reflètent le souci du consommateur tunisien d'améliorer ses conditions de vie en achetant un logement ou en l'aménageant. Diversification des sources de l'emprunt familial D'après Ben Jazia, «une part importante des crédits est désormais consacrée à la consommation quotidienne surtout ces dernières années». Il explique cela par la densité des saisons de consommation et le changement de mode de consommation du Tunisien qui devient plus consumériste et plus attaché aux loisirs. Et de rappeler que la croissance a été portée depuis l'année 2011, par la consommation en Tunisie, en raison du ralentissement de l'investissement et de l'exportation. Ben Jazia a évoqué la diversification des sources de l'emprunt familial à l'instar des caisses sociales et des fonds sociaux des entreprises. Le Tunisien achète par facilités dans les grandes surfaces, alors que dans les régions intérieures notamment, il achète à crédit chez le vendeur de détail de proximité. Il a même recours à ses proches et à ses amis pour emprunter de l'argent. Afin d'améliorer la qualité des données relatives à l'endettement familial, Ben Jazia a proposé aux services spécialisés de la Banque centrale de Tunisie, de collecter les données liées à ce phénomène, au niveau de la centrale des risques de la banque, notamment celles relatives à la vente par facilités, aux crédits contractés auprès des fonds sociaux et aux facilités bancaires (entrée dans le rouge). Selon les indicateurs présentés par le DG de l'Institut national de la Consommation, 800 mille familles tunisiennes, sur un total de 2,7 millions de familles (recensement général de la population et de l'habitat 2014), bénéficient d'un crédit bancaire. Toujours selon lui, une étude réalisée par l'Institut en 2015 sur un échantillon représentatif de 1.022 familles a démontré que 36% des familles tunisiennes comptent au moins, un membre qui rembourse un crédit. Il a aussi considéré que l'ampleur de l'endettement familial a négativement impacté le taux de l'épargne familiale ayant régressé de 11,3% en 2010 à 8,8% en 2014. Ben Jazia a par ailleurs fait savoir que l'Institut envisage la réalisation d'une étude sur l'endettement familial en Tunisie durant le deuxième semestre de l'année 2017 pour mieux appréhender la réalité de l'endettement dans ses aspects quantitatifs, analyser ses raisons sociales et économiques et proposer les mécanismes juridiques et procéduraux à même de traiter ce phénomène.