Par Abdelhamid Gmati Il est établi que les organisations terroristes disposent de très importantes possibilités financières qui leur permettent, entre autres, d'acquérir des armes de guerre sophistiquées et coûteuses et de rétribuer leurs recrues. Et on s'est interrogé sur la provenance du «nerf de la guerre». Bien entendu, plusieurs pays et organisations étaient soupçonnés mais on restait dans l'expectative. Et voici que ce que l'on appelle «crise du Golfe» jette un pavé dans la mare. Après la rupture des relations de certains pays arabes avec le Qatar, accusé de financer le terrorisme, on a droit à certaines révélations, dont l'une a suscité une réaction tunisienne. Selon le ministre de la Défense, Farhat Horchani, une enquête a été ouverte suite aux récentes allégations d'atteinte à la sûreté de l'Etat tunisien. Il s'agit de vérifier les déclarations de l'armée libyenne affirmant que «le colonel de l'armée qatarie Salem Ali Jarboui agit depuis la Tunisie et est chargé de faire des transferts d'argent pour financer les jihadistes et semer le chaos dans la région». Ces transferts d'argent qatari à des groupes armés en Libye se feraient à travers l'agence de la Banque de l'Habitat (BH) à Tataouine. Autre révélation ayant retenu l'attention : l'Arabie Saoudite et ses alliés ont publié, vendredi dernier, une liste de personnes et organisations qui seraient liées à des activités terroristes. L'association caritative Qatar Charity y est citée. Réaction du député du Bloc national Walid Jallad qui a appelé à enquêter sur les activités et les sources de financement de l'association caritative Tounès Al-Khayria et de son président, Abdelmonem Daïmi, frère d'Imed Daïmi, vice-président de Harak Tounès Al-Irada. Selon le député, le budget de Tounès Al-Khayria est estimé à 1 million de dinars tunisiens (DT) et elle est une des branches de l'association Qatar Charity, impliquée dans le financement des groupes terroristes. Rappelons les propos du chef du gouvernement publiés dans notre journal dimanche dernier : «Notre but est de mettre en pièces les systèmes de la corruption et du triptyque terrorisme-corruption-contrebande et évasion fiscale». Et Youssef Chahed n'a pas caché son intention d'étendre la lutte contre la corruption à tout ce qui peut fournir des financements aux activités terroristes. Y compris les associations dont le nombre atteint les 18.000. Et les autorités gouvernementales ont annoncé à maintes reprises la découverte de centaines d'associations caritatives et religieuses qui ont été impliquées dans le soutien et le financement du terrorisme en Tunisie. Ainsi, les rapports administratifs des organismes de sécurité compétents ont révélé qu'une association caritative a bénéficié d'un financement d'un Etat du Golfe qui dépasse la valeur de 100 millions de dinars entre 2012 et 2015. 8 millions de dinars ont été dépensés pour des actions de bienfaisance, tandis que le reste du montant a été consacré au financement de l'envoi des Tunisiens dans les zones de conflits ainsi qu'au financement des campagnes électorales de certains partis politiques et pour aider financièrement les familles des terroristes tués au combat. Pour le président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption, Chawki Tabib, les dossiers des personnes arrêtées sont dans 90% des cas en rapport avec la contrebande. Seulement la corruption n'est pas uniquement la contrebande. Et il affirme avoir remis des dizaines de dossiers impliquant des personnes et des associations. La détermination à éliminer «l'argent sale» est affirmée. Reste à passer à l'action, car cet argent est criminel et est utilisé pour alimenter le terrorisme.