Le Fonds monétaire international débloque la deuxième tranche du crédit accordé à la Tunisie en mai 2016 et appelle à ramener la dette publique à 70% du PIB et l'inflation à 4% à l'horizon 2020. Marque de confiance, le nouveau soutien du FMI ouvre à la Tunisie de grands horizons en termes de mobilisation de nouvelles ressources financières et d'investissement Nouvelle bouffée d'oxygène en provenance de Washington. Le Fonds monétaire international vient d'approuver, lundi, à l'occasion de la tenue de son conseil d'administration une deuxième tranche de 314,4 millions de dollars (787 MDT) du prêt total de 2,9 milliards de dollars approuvé depuis mai 2016 et dont le déboursement est réparti sur 8 tranches, à débloquer progressivement suivant l'avancement dans l'exécution de tout un plan de réformes. Cette décision intervient après l'enregistrement d'une certaine performance au niveau de la relance économique, dans l'industrie, l'agriculture et le tourisme... « C'est un témoignage de soutien du FMI à la Tunisie ayant pour but d'encourager les efforts engagés pour sa relance économique et la création d'emplois », a souligné à cette occasion Christine Lagarde, directrice générale du Fonds, dans une déclaration rapportée par l'agence TAP. La première responsable du FMI a noté avec satisfaction la reprise de la production de phosphate et l'amélioration des chiffres relatifs au tourisme, éléments favorablement accueillis par la communauté internationale pour mériter un tel soutien. Cette attitude du FMI devrait maintenant lancer un signal positif à l'égard des investisseurs et des bailleurs de fonds pour rétablir la confiance en la Tunisie, en tant que partenaire sérieux et attractif, à même de relancer l'investissement et rééquilibrer la balance des paiements. La Tunisie, qui faisait partie des cinq pays africains à la réunion du G20 qui a eu lieu lundi et mardi à Berlin, devait saisir l'engagement de haut niveau des principaux pays de l'économie mondiale et des institutions financières internationales pour réitérer sa volonté de remettre son économie sur les rails, à la faveur de trois principaux axes, à savoir l'amélioration du cadre macroéconomique, l'assainissement du climat des affaires et la réforme du secteur financier. 70% du PIB Au niveau technique, la Tunisie et le FMI ont mis ensemble toute une batterie de réformes macroéconomiques qui, au bout du chemin, permettraient à la Tunisie de rationaliser la gestion de ses finances publiques, qu'il s'agisse du budget, du commerce extérieur, des caisses de retraite ou du système de subvention. Le FMI a communiqué pour la première fois le plafond de la dette que la Tunisie ne doit pas dépasser, à savoir 70% du PIB. Le Fonds propose également de maintenir l'inflation au-dessous de la barre de 4%. Ces performances doivent être réalisées à l'horizon de 2020. D'ailleurs, pour 2018, le FMI a souligné l'importance de concrétiser les mesures fiscales convenues. «Pour parvenir à une consolidation budgétaire favorable à la croissance et renforcer l'équité fiscale, il y a lieu d'adopter et de mettre en place les mesures fiscales prévues pour 2018», a appelé le directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Mitsuhiro Furisuwa, dans un communiqué diffusé depuis Washington. Le FMI fait état également de l'impératif d'augmenter les dépenses d'investissement et des programmes sociaux tout en resserrant la politique monétaire et en favorisant la flexibilité du taux de change, à même d'améliorer la compétitivité et de préserver les réserves en devises. Le FMI rappelle aussi les réformes déjà engagées et qu'il faut accélérer, notamment : - Les réformes visant à restructurer les banques publiques et l'amélioration de la gouvernance (a ce niveau le FMI note avec satisfaction les progrès accomplis jusque-là et appelle à réduire les crédits improductifs), - L'application du mécanisme d'ajustement des prix des carburants, - La réforme de la fonction publique dans une perspective d'améliorer la qualité du service et de réduire la masse salariale, et - d'adopter des réformes globales en vue d'assurer la viabilité des pensions et établir un système de sécurité efficace au profit des personnes vulnérables. L'amélioration de la gestion des entreprises publiques est également mentionnée. Il est à noter enfin que ces réformes font l'objet d'un suivi minutieux du FMI, à la faveur de missions d'expertise régulières, ce qui signifie que cette instance internationale n'est pas simplement un bailleur de fonds, mais aussi un partenaire technique qui veille au bon emploi des fonds avant le déboursement de tout financement.