Levée de boucliers à Sfax. Le Syndicat régional des forces de sûreté intérieure et le corps de la police municipale se mobilisent contre la mise en place du nouvel organe de police de l'environnement. Certains de ses agents auraient des antécédents judiciaires et ils auraient été tous recrutés sans concours et sans formation préalable A coups de communiqués officiels, appuyés par des commentaires écrits par des sécuritaires et de posts publiés sur les réseaux sociaux, le Syndicat régional des forces de sûreté intérieure à Sfax mène une campagne tous azimuts contre la création du nouvel organe de police de l'environnement, traité de «corps sécuritaire parallèle». Le syndicat s'élève contre le recrutement, qualifié de «suspect», des membres de la police de l'environnement dans les rangs des ligues de protection de la révolution et annonce la mise en quarantaine et le refus de ses militants comme de ses adhérents de traiter avec l'organe contesté. Il explique sa position par la non-conformité de la décision portant création des ces «organes parallèles» avec les chartes et lois en vigueur et le danger qu'il représente du fait de l'impact négatif de leur création quant à l'éthique et à la crédibilité des organes de sécurité, d'autant plus que les agents de police de l'environnement «n'ont reçu aucune formation adéquate dans les écoles des forces de sécurité intérieure et ne répondent même pas aux critères requis de niveau d'instruction ni de constitution physique». Menace de saisie Le Syndicat régional des forces de sûreté intérieure à Sfax exprime son étonnement de la célérité avec laquelle le statut du corps contesté a été ratifié, alors que celui de ses cadres et agents demeure en suspens depuis 2011. Comme il se dit stupéfait de l'étendue de la panoplie de véhicules neufs et puissants mis à la disposition d'un nombre réduit de nouveaux agents, soit 299 au total, «alors qu'un district de la garde nationale et de la police intérieure comptant le même nombre d'agents et de cadres actifs ne dispose que de quelques modestes engins». Dans un communiqué qualifié d'officiel publié sur sa page Facebook, le syndicat régional des forces de sûreté intérieure à Sfax, tout en s'interrogeant sur «le silence observé par le ministère de tutelle», brandit la menace de saisir et de conduire à la fourrière municipale tout véhicule appartenant au corps de la police de l'environnement qui circulerait dans la région, et de présenter à la justice tout agent appartenant au même organe. Le communiqué du syndicat prend fin sur un appel incitant les structures syndicales nationales à rallier cette dernière décision et à agir en conséquence. On apprend aussi que, de son côté, le porte-parole officiel du Syndicat national des forces de sécurité intérieure, Chokri Hamada, a stigmatisé la décision de créer le corps de police de l'environnement, la qualifiant d'illégale, eu égard aux conditions du recrutement de ses membres, parmi lesquels figurent «des personnes ayant des antécédents judiciaires», en dehors des concours de recrutement relevant de la fonction publique, ce qui met en cause leur légitimité. A noter que tous les commentaires émanant apparemment de sécuritaires, sur la page officielle du syndicat régional des forces de sécurité intérieure se joignent pour stigmatiser la «tenue de combats» portée par les agents de la police de l'environnement, comme s'ils avaient pour mission de «terroriser» les citoyens. Pour sa part, le corps de la police municipale à Sfax, et ailleurs, s'interroge sur l'aberration du chevauchement des rôles et des prérogatives de «cette police parallèle» avec les leurs et avec ceux des autres forces de sécurité intérieure, appelant à doter la police municipale des équipements et des outils nécessaires à son bon fonctionnement au lieu de «dilapider les deniers publics».