La Banque mondiale a approuvé, en faveur de la Tunisie, un prêt de 500 millions de dollars pour soutenir l'entrepreneuriat et faciliter l'accès aux financements. Deux jours après la décision du Conseil d'administration du Fmi de débloquer une tranche du mécanisme élargi de crédit, le board de la Banque mondiale approuve l'allocation d'un nouveau crédit à la Tunisie. On parle d'un gros chèque de 500 millions de dollars à un taux compétitif de moins de 2%, calculé sur la base du libor à six mois plus une petite marge. Le tout sur une période de remboursement de 28 ans avec un délai de grâce de 5 années et demie. Rien à voir avec les conditions contractées sur les marchés financiers composés d'opérateurs privés. Lors d'une visioconférence organisée au siège de la BM à Tunis, la directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, Marie Françoise Marie-Nelly, a noté que ce financement est un prêt à l'appui de politiques de développement axées sur le cadre des affaires et l'entrepreneuriat. L'objectif est d'accompagner les efforts du gouvernement tunisien, a-t-elle poursuivi, pour promouvoir une croissance plus soutenue et solidaire et la création d'emplois dans le secteur privé, en particulier pour les jeunes et les femmes et dans les régions à la traîne sur le plan économique. «C'est un engagement qui s'inscrit dans un contexte stratégique», a-t-elle affirmé, faisant allusion au cadre de la stratégie pays adopté par la BM, et le plan de développement quinquennal 2016-2020. Après l'accomplissement d'une première période marquée par l'adoption de plusieurs textes intéressants, à l'instar du code de l'investissement et de la loi sur le Partenariat Public-Privé, pour n'en citer que ceux-là, le temps est à l'action et la mise en œuvre, a-t-elle insisté. L'objectif est de repositionner la Tunisie sur la carte des affaires et de profiter pleinement de la proximité géographique d'un des plus gros marchés, l'Union européenne, a-t-elle résumé l'objectif des programmes soutenus et financés par la banque. Pour l'actuel financement, la promotion de l'entrepreneuriat est le premier des piliers. La directrice n'a pas manqué l'occasion de faire l'éloge de la jeunesse tunisienne, «créative dans certains domaines», a-t-elle dit, tout en rappelant son «émerveillement» devant la dynamique des jeunes tunisiens lors de son passage à Tunis à l'occasion d'un colloque portant sur les nouvelles technologies. Pour libérer ce potentiel, et bien d'autres, elle a insisté sur la facilitation d'accès aux capitaux pour les jeunes promoteurs. De même pour les micro, petites et moyennes entreprises. Des lignes de crédit spécifiques à ces investisseurs sont en vue. De même, la révision de la réglementation sur le capital risque pourrait faciliter les apports en fonds propres exigés pour les nouveaux promoteurs. L'établissement de «crédit bureau», a-t-elle avancé, pourrait apporter aux banquiers des références pour l'estimation des risques assortis au financement d'une PME, sans laquelle le refus des demandes de ces jeunes entreprises est quasi systématique. Outre le volet financier, elle a prôné la simplification des procédures administratives vu son impact sur l'entrepreneuriat et l'activité économique en général. Stimuler l'entrepreneuriat a comme corollaire l'inclusion sociale, surtout dans le cadre des zones reculées dans lesquelles la femme forme l'épine dorsale de la chaîne de valeur. Il est à noter à cet effet que la question du genre est très chère à la BM, qui veille à ce que les femmes puissent profiter d'une rétribution conforme à leurs efforts. En fait, la gouvernance et le genre forment la toile de fond du travail de la banque. S'attardant sur l'autre domaine d'intervention de ce financement, à savoir le cadre de l'activité économique, elle a réitéré la nécessité de mettre en œuvre les nouvelles lois adoptées, et leurs décrets d'application, notamment pour la loi sur la concurrence, la loi sur l'investissement ainsi que la digitalisation des procédures portuaires.