mais c'est au chef de l'Etat de décider Les avis des députés étaient partagés hier sur le rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie. Une motion préconisant de renouer avec ce pays et de rouvrir l'ambassade de Syrie à Tunis avait été présentée en avril dernier par quatre blocs parlementaires. Prévue pour la plénière qui a démarré mardi, l'examen de la motion a dû être reporté étant donné l'extension des discussions des projets de loi programmés (le premier sur les instances constitutionnelles indépendantes et le deuxième sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption). Ghazi Chaouachi, du Courant démocratique, membre du bureau de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), ne voit aucune utilité à rétablir les relations avec la Syrie «tant que le peuple syrien continue à subir l'oppression du régime politique». Il a ajouté que plusieurs pays arabes et occidentaux soutiennent les Syriens dans leur combat pour la démocratie, en rompant, justement, leurs relations diplomatiques avec ce pays. Selon lui, la décision revient au président de la République qui, malgré les promesses contenues dans son programme électoral, n'est pas parvenu à rétablir ces relations étant donné que cette décision dépend à son tour des engagements régionaux et arabes. Ghazi Chaouachi a affirmé que par principe, le Courant démocratiquee ne se placera pas contre cette motion, mais ne la soutiendra pas non plus. Le député Noureddine Bhiri (Ennahdha) a de son côté insisté sur le souci de son groupe de respecter toutes les dispositions de la Constitution et de ne pas «confondre les rôles pour éviter l'anarchie». Bhiri considère, lui aussi, que cette question est du ressort du président de la République et du ministère des Affaires étrangères. La décision de rompre les relations avec la Syrie est une «décision nationale et arabe qui s'est basée sur une évaluation du degré de légitimité du régime syrien et de son respect des droits humains, a-t-il relevé. Hassan Amari élu de Nida Tounès a rappelé, pour sa part, que le rétablissement des relations avec la Syrie est inscrit dans le programme électoral du parti. Nida Tounès, a-t-il insisté, appelle à rétablir les relations avec la Syrie et met en garde contre les incidences de la rupture sur les Tunisiens résidant dans ce pays. Ahmed Khaskhoussi, secrétaire général du Mouvement des sociaux-démocrates, estime que la Tunisie aurait du rétablir les relations plus tôt. L'intérêt de la Tunisie commande le rétablissement des relations dans les plus proches délais et «de remédier à l'erreur historique commise». Pour Le député Zied Lakhdhar (Front populaire), la décision de rompre avec la syrie était «hâtive et non étudiée» qui ne sert ni les intérêts de la Tunisie et de la Syrie, ni la stabilité dans la région. Le député Ridha Dellai, du mouvement Al-Chaab, estime que la politique extérieure est du ressort de la présidence de la République, en coordination avec le gouvernement. Selon lui, le parlement est toutefois habilité à orienter les politiques de l'Etat vers la bonne voie et à rectifier l'erreur commise par la Troïka, surtout que les deux pays font face à la même menace terroriste. Des membres de blocs parlementaires avaient présenté, le 13 avril dernier, un projet de motion pour le rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie. Cette motion, signée par quatre présidents de groupes parlementaires (Al-Horra, le Front populaire, l'Union patriotique libre et Afek Tounès) avait été proposée à l'initiative des députés qui s'étaient rendus en Syrie dans le cadre des efforts visant à renouer avec la Syrie. La délégation en question se composait de Mbarka Aouania, Mongi Rahoui, Abdelaziz Kotti, Khemaies Ksila, Issam Mattoussi, Sahbi Ben Frej et Noureddine Mrabti.