Par Samira DAMI Avec ses 12 concerts symphoniques à l'affiche, le 32e Festival international de musique symphonique d'El Jem (du 8 juillet au 12 août) se décline, au fil des ans, comme une manifestation de haut vol qui a pour rôle d'offrir une autre forme d'expression musicale aux festivaliers : la musique classique occidentale, notamment, et ce, dans toutes ses déclinaisons (symphonie, sonate, musique de chambre, opéra, etc.). En consacrant cette musique savante, «El Jem» favorise l'ouverture sur d'autres cultures et sur les génies créateurs universels tout en s'inscrivant contre l'appauvrissement musical et culturel, et contre l'enfermement qui génère décadence et crises de création et de créativité. Pour cette édition, la soirée d'ouverture, d'ailleurs entièrement retransmise par la 2e chaîne publique, a rendu hommage à l'un des plus grands ténors d'opéra de tous les temps : l'excellentissime Luciano Pavarotti. Celui qui, justement, a popularisé la musique classique au cours de nombreux concerts télévisés et dont on commémore cette année le 10e anniversaire de sa mort. Ainsi, sous le label «Luciano-Messager de la paix», l'orchestre «dell'opera italiana», sous la direction du chef d'orchestre, Paolo Andreoli, a plongé le public dans les univers musicaux sublimement lyrique de Verdi, Mozart, Rossini, Donizietti, Bizet, Pucini et autres. Musiciens et chanteurs ont exécuté et chanté de nombreux airs d'opéra pour ténors, rendus davantage célèbres par celui dont Carlos Kleiber, chef d'orchestre autrichien, disait: «Quand Lucianao Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde». Immersion dans une sorte d'alchimie entre force et beauté mélodiques, charme et passion amoureuse. Cela à travers des airs extraits d'opéras de Bizet («Carmen»), Mozart («Don Juan»), Rossini («Le barbier de Séville») mais surtout Verdi (Regoletto et la Traviata), sans compter la chanson napolitaine de Giovani Caruso : «O sole Mio», composée par le duo Edwardo Di Capua et Alfredo Mazzuchi et rendue célèbre par le ténor Enrico Caruso au début du dernier siècle (1916). Cette chanson illuminait d'ailleurs tous les fins de concerts de Pavarotti. Programmé à El Jem, en collaboration avec l'ambassade d'Italie, le centre culturel italien, la fondation Pavarotti et la fondation Rambourg, ce concert a été un pur enchantement. Outre cette excellente soirée d'ouverture, le Festival d'El Jem propose, également, les prestations de prestigieux orchestres de musique classique, tels le Winner Oper Nball d'Autriche, l'orchestre del Maggio musicale de Fiorentino (Italie), l'orchestre de la Radio nationale d'Ukraine, l'Orchestre symphonique tunisien dirigé par Hafedh Makni, le concert du Tunisien Hassen Doss et autres. Une belle manière de populariser la musique classique et de satisfaire l'attente des amateurs du genre. Il faut dire que la création de l'Orchestre symphonique tunisien, en 1969, par Salah El Mehdi, et l'enseignement de la musique classique à l'Institut supérieur de musique (ISM) ont contribué à propager et diffuser ce genre musical et à favoriser l'existence de chanteurs d'opéra tunisiens tels Hassen Doss, Yosra Zekri, outre des compositions symphoniques purement tunisiennes signées Salah Mehdi, Ahmed Achour, Slim Larbi, Ouannès Khligène et autres. Plus, ce festival a l'avantage de se dérouler dans un lieu magique : l'amphithéâtre romain de la cité antique de Thysdrus. Ce qui redouble l'effet merveilleux des compositions sublimes des grands noms de la musique savante occidentale. Ainsi, «El Jem» continue, depuis sa création il y a 32 ans, à jouer le rôle de vecteur d'ouverture de rencontres entre les cultures, de diffusion des musiques du monde et de sensibilisation des jeunes et moins jeunes à la particularité, à la beauté et au génie d'expressions musicales universelles.