RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) — Les dirigeants palestinien et israélien ont accepté de maintenir un dialogue indirect sur les moyens de sortir d'une impasse menaçant les négociations de paix, a déclaré hier l'émissaire américain George Mitchell. George Mitchell a, pendant deux jours, fait la navette entre Al-Qods et Ramallah pour sauver le dialogue direct engagé le 2 septembre à l'initiative du Président Barack Obama. Pendant ce temps, les diplomaties occidentale et arabe recherchaient une formule pour sortir de la crise qui a éclaté cette semaine à l'expiration d'un moratoire israélien sur les nouvelles constructions dans les colonies juives de Cisjordanie. George Mitchell a d'abord rencontré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à Al-Qods, puis le Président palestinien, Mahmoud Abbas, à Ramallah, en Cisjordanie. "Tant le président que le Premier ministre sont convenus de la poursuite de nos discussions afin d'aller de l'avant dans ce processus vers ce qui est notre objectif commun: la conclusion d'une paix globale au Proche-Orient", a dit l'émissaire américain à des journalistes à Ramallah. Mahmoud Abbas a menacé de se retirer des discussions si Israël ne prolonge pas son moratoire sur les nouvelles constructions dans les colonies juives de Cisjordanie occupée, venu à expiration le 26 septembre. Mais il a dit qu'il ne prendrait aucune décision définitive avant une réunion de la Ligue arabe consacrée à cette question, la semaine prochaine au Caire. La réunion du comité de suivi de la Ligue sur le processus de paix devait se tenir le 4 octobre, mais l'Egypte, proche alliée des Etats-Unis, a demandé à ses partenaires de la reporter au 8 octobre afin de donner à George Mitchell davantage de temps pour tenter de trouver une solution. Benjamin Netanyahu refuse de prolonger le moratoire et, selon des médias israéliens, il a rejeté une offre américaine de mesures "très généreuses" visant à l'inciter à accepter une prorogation de soixante jours. Barack Obama a beaucoup misé politiquement sur sa tentative de parvenir à un règlement au Proche-Orient dans un délai d'un an. Selon des médias israéliens, le Président américain tient à ce que Benjamin Netanyahu évite une rupture des discussions en maintenant le gel des constructions et il est ulcéré de s'être heurté à une fin de non-recevoir. Un responsable du département d'Etat a démenti des informations selon lesquelles Obama aurait adressé à Netanyahu une lettre proposant des garanties de sécurité, notamment le maintien d'une présence militaire israélienne dans la vallée du Jourdain après la création d'un Etat palestinien. Mais un responsable israélien a confirmé sous le sceau de l'anonymat que "la Maison-Blanche a offert à Israël les mesures incitatives décrites dans les médias, mais elles ont été rejetées par Netanyahu". Le quotidien israélien Yedioth Ahronoth écrit que Barack Obama n'a jamais signé cette proposition. Les offres de sécurité ont été élaborées la semaine dernière par le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, et Dennis Ross, conseiller de la Maison-Blanche pour le Proche-Orient, poursuit le journal. Elles se seraient transformées en "lettre présidentielle" si Benjamin Netanyahu avait accepté. Certains politologues israéliens se disent surpris du rejet des propositions. Mais ils expliquent que Benjamin Netanyahu a peur de perdre le pouvoir s'il va trop loin face à sa coalition dominée par des formations favorables à la colonisation, y compris le Likoud, son propre parti. Dans une interview au Monde daté de samedi, Mohammed Dahlan, membre du Comité central du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, rappelle que les dirigeants palestiniens s'étaient déjà prononcés il y a deux mois contre la tenue de négociations directes en cas de poursuite des activités de colonisation. "Il s'agit donc de confirmer cette décision", dit-il, ajoutant que "arrêter les activités de colonisation signifie les arrêter totalement".