• Sur fond des façades séculaires couleur terre de Sienne, 20 artisans tunisiens ont dressé leurs stands en un petit marché animé et coloré Florence la superbe, cité des Médicis et de Michel Ange, n'est jamais aussi belle, aux dires de ceux qui l'aiment, qu'en cette fin d'été languissant, quand l'automne affleure, et que le fond de l'air se vivifie, quand les pavés et les façades sont lavés par les premières averses, et que les terrasses sont encore le plus bel endroit du monde pour dominer la ville. C'est dans cette Florence là que le promeneur, venu du monde entier car nulle ville n'est plus cosmopolite que la capitale de la Toscane, débouche, surpris et séduit, sur «La Piazza Tunisia». L'illusion est totale et réussie : sur fond des façades séculaires couleur terre de Sienne, 20 artisans tunisiens ont dressé leurs stands en un petit marché animé et coloré. Juste à côté, sur cette même place qui s'appelait, avant que la Tunisie ne l'investisse, Piazza della Republica, un restaurant invite à partager le pain et le sel, et sert des tables conviviales de couscous et de bricks à l'œuf. Engouement Au milieu, sur une estrade, Sihem Belkhoja a installé ses danseurs qui, au soir venu, font vibrer la place de rythmes ancestraux venus d'ailleurs. Le public lui-même vient d'ailleurs : Japonais, Chinois, Australiens, Américains, ne savent plus très bien où ils sont. Cependant que les Florentins, accueillants et ravis,font aubade à leurs invités tunisiens : c'est au rythme du très ancien orchestre du Calcio Storico, les mêmes harmonies depuis cinq siècles nous dit-on, que s'est ouverte cette semaine tunisienne. Puis, le lendemain, c'est avec la fanfare des Carabinieri qu'était officiellement inaugurée par le ministre du Tourisme tunisien, et par les autorités de la ville et de la région, l'exposition des artisans tunisiens. Un documentaire sur l'artisanat tunisien, une batterie de nouveaux visuels superbes, ainsi que des brochures et des gadgets distribués donnaient au public envie d'en savoir davantage. Et Fatma, la risseuse, Rafaa, le mosaïste, Tarak, le bijoutier, étaient ravis de l'accueil réservé à leurs produits, de l'intérêt suscité, de l'engouement rapidement provoqué. Dîner au pied du David Même Mohamed, le maroquinier, qui, on le comprend, était quelque peu inquiet de se mesurer à la grande tradition de maroquinerie florentine, rencontrait un certain succès. Et l'on a vu une Australienne repartir avec, au bras, un sac tunisien, une Russe s'offrir une collection d'écharpes en haïk, et un Libanais se laisser séduire par un dessus de table en mosaïque de marbre. Tous ont pratiquement épuisé leur stock dès le premier jour. Le soir, cependant, on partageait le pain et le sel dans le somptueux musée de l'Académia, et dîner au pied du David de Michel Ange est une expérience à nulle autre pareille. Les Tunisiens sont revenus de Toscane, victimes de ce fameux syndrome de Florence qui frappe immanquablement les visiteurs, mais heureux et fiers d'avoir représenté haut et fort les couleurs de la Tunisie, et d'avoir lancé un pont entre deux cités voisines, à l'histoire commune, et à l'avenir riche de promesses partagées.