La Tunisie s'est maintenue au 95e rang (sur un total de 137 pays), avec un score de 3,93 sur 7, dans le classement annuel sur la compétitivité globale du Forum économique mondial de Davos pour 2017-2018, régressant de 63 places en 7 ans (elle était 32e dans le classement de 2010-2011). Présentant les résultats du rapport de Davos lors d'une conférence de presse tenue mercredi, au siège de l'Institut arabe des chefs d'entreprise, partenaire local du Forum économique mondial, Walid Ben Hadj Amor, vice-président de l'Iace, a indiqué que «ce classement n'a pas été une surprise pour nous, il était attendu, car malheureusement, nous nous retrouvons chaque année face aux mêmes commentaires et aux mêmes défaillances. Rien n'a été réalisé en matière de réformes ciblant l'amélioration du climat des affaires et la situation économique du pays». D'après lui, «la situation est, aujourd'hui, extrêmement préoccupante, étant donné que notre économie est fragile. Elle est fortement affaiblie par la bureaucratie qui bloque les investissements, d'une part, et la corruption et le marché parallèle qui ont asséché les ressources de l'Etat, d'autre part». En parallèle, a-t-il conclu, le pouvoir public n'a pas le courage de mener une politique audacieuse pour lancer des réformes économiques réelles. Dans ce cadre, l'Iace a recommandé de lancer en urgence un débat national sur la productivité, d'œuvrer à rattraper le retard enregistré dans la réalisation des infrastructures, de poursuivre l'assainissement des finances publiques et de promouvoir une politique industrielle efficiente. De son côté, Majdi Hassan, directeur exécutif de l'Iace, a dressé un bilan comparatif entre 2010 et 2017 des principaux indicateurs retenus par le classement. Parmi les indicateurs qui se sont considérablement dégradés, au cours de cette période, il a cité «le coût du terrorisme», puisque la Tunisie est passée du 28e rang en 2010 au 128e rang en 2017, reculant ainsi de 100 places. Il a évoqué, également, la régression du classement de la Tunisie au niveau des indicateurs relatifs à l'«étendue de la formation du personnel» (-88 rangs, passant de la 18e à 106e place), «le coût des crimes sur les affaires» (-84 rangs), «la qualité du système éducatif» (-83 rangs), le taux d'épargne (-71 rangs), le déficit budgétaire (-62 rangs), la qualité de l'infrastructure globale (-56 rangs)... En matière d'efficience du marché de l'emploi, il a fait savoir que la Tunisie est classée 135e, parmi les trois derniers de la liste, « ce qui est susceptible de nuire gravement à sa capacité d'attraction des investisseurs». Pour rappel, la Tunisie était classée 32e en 2010-2011, 40e en 2011-2012, 87e en 2013-2014, 92e en 2014-2015 et 95e en 2016-2017. Le pays n'avait pas figuré dans le classement de 2012-2013 du Forum économique mondial. Les auteurs du rapport de Davos sur la compétitivité mondiale avaient expliqué l'absence de la Tunisie par la difficulté de comparer les résultats du pays avec ceux des années précédentes à cause de la révolution. Ils avaient, alors, décidé «de ne pas communiquer les résultats en raison d'un changement structurel important dans les données, qui a rendu les comparaisons avec les années passées difficiles». Au niveau international, le top 5 du classement n'a pas enregistré un changement significatif. La Suisse figure toujours en tête de liste, avec un score de 5,86, suivie des USA (5,85), de Singapour (5,71), des Pays-Bas (5,66) et de l'Allemagne (5,65). Etabli chaque année par le Forum économique mondial de Davos, ce rapport évalue les facteurs de productivité et de prospérité de 138 pays, offrant ainsi un classement de la compétitivité mondiale. Partant, il se base sur 12 piliers considérés comme des indicateurs de la compétitivité, dont l'infrastructure, l'environnement macroéconomique, la santé, l'éducation primaire, l'efficacité du marché du travail, l'innovation...