Par Samira DAMI Enfin ! 12 ans après l'entame des travaux, la Cité de la culture ouvrira ses portes au public, le 20 mars 2018, à l'occasion de la célébration du 62e anniversaire de l'Indépendance. Déjà, jusqu'ici, 80% des travaux ont été réalisés après de multiples interruptions qui ont freiné le projet, et ce, pour plusieurs raisons, entre autres financières. Le 20 octobre dernier, le coup d'envoi de l'exploitation de la partie achevée de ce nouvel et imposant espace polyculturel voué à toutes les formes de création a été donné par le Chef du gouvernement Youssef Chahed. Certaines figures de la scène culturelle et artistique ont été invitées, à l'occasion. Ce qui n'a pas empêché les protestations et l'amertume de ceux qui n'étaient pas de la partie. Chacun, ego démesuré aidant, estimant être le plus à même de représenter son secteur. Mais pouvait-on inviter tous les artistes du pays ? Voilà qui est impossible, voire ridicule. C'est pourquoi il faudrait que seules les réelles figures emblématiques des différents arts soient invitées à ce genre d'événements. Toutefois, l'important pour les créateurs et artistes n'est pas vraiment de se bousculer au portillon, lors de pareilles occasions, mais de prendre conscience de l'importance et de l'intérêt de ce temple des arts et de la culture d'autant que c'est la première fois, après l'indépendance, que de nouvelles salles de spectacles ont vu le jour : trois en tout (1.800 places pour l'opéra, 700 places pour l'auditorium et 300 places pour le théâtre des régions). Sans compter 2 salles de cinéma (350 et 150 places pour la cinémathèque) ainsi que le musée d'arts modernes et contemporains qui concrétise, ainsi, le rêve des plasticiens après plusieurs décennies. Ce musée dispose d'un fonds de 12.147 œuvres et objets d'art datant de 1894 à 2017 et dont une grande partie a besoin d'être restaurée, puis numérisée. Enfin, 7 studios de production artistique, une médiathèque, un centre national du livre, une maison des artistes, un centre d'investissement culturel et différents commerces complèteront l'ensemble de la cité qui s'étale sur 9,2 hectares et dont le coût s'élève à 125 millions de dinars. Aux créateurs, artistes et intellectuels, donc, de dépasser leurs batailles d'ego et leurs rivalités et de se mettre à l'œuvre afin de préparer leurs projets dans le cadre du pôle de production de la Cité de la culture (théâtre, musique, opéra, chorégraphie) d'autant que les studios de production de théâtre, danse, musique et autres offrent des espaces pour la création et les répétitions. Il est clair que cette Cité de la culture a été remise à flot par l'ancienne ministre de la Culture Latifa Lakhdhar. Alors qu'un ministre précédent Ezzeddine Beschaouch n'en voulait pratiquement pas, laissant cette cité qu'il a qualifiée de «mastodonte stalinien» en rade, sans manifester une réelle volonté politique pour relancer le projet. Or, ce temple culturel, qui doit être doté d'un statut, aura des retombées certaines aux niveaux culturel et artistique mais aussi économique (commerces et emplois) et touristique. Située en plein centre de Tunis, cette cité culturelle constituera un pôle d'animation tous azimuts, à même de drainer un public important. Ce qui changerait, aussi, la physionomie de l'une des artères principales de la capitale : l'Avenue Mohamed V, qui avait, jusqu'ici, plutôt une «vocation» financière, vu le nombre important de banques qu'elle abrite, et qui, désormais, s'ouvre, enfin, sur la culture. Ainsi, les retombées culturelles s'avèrent des plus capitales et remarquables, cette cité étant vouée à être un centre de création, de production et de diffusion de spectacles en tous genres: théâtre, opéra, musique, danse, etc. Outre la conservation et la présentation du patrimoine cinématographique (cinémathèque) et artistique (musée) ainsi que la réflexion à travers les rencontres avec les hommes de lettres, d'arts et autres penseurs et écrivains. La médiation culturelle et le rapport avec le public ont nécessité la formation, depuis juillet 2017, de jeunes diplômés dans plusieurs disciplines artistiques et techniques pour les besoins des activités, notamment de la cinémathèque, du musée d'arts modernes et de l'opéra. L'impact sur la pratique culturelle du public s'annonce tout aussi important, la Cité de la culture ayant pour mission de drainer toutes les catégories de public, de nourrir les esprits et de susciter la réflexion. Ainsi, ce temple polyculturel se doit de se consacrer uniquement à la culture et aux arts car on annonce, déjà, l'organisation d'une des activités de l'Asbu (les radios arabes) en son sein, or il s'agit là de médias et non de culture. A chacun ses caractéristiques. Souhaitons que la direction de la Cité de la culture et les programmateurs respectent les nobles objectifs pour lesquels a été fondé cet espace, soit la création, la promotion, la diffusion et la démocratisation des arts.