Les arrestations de ce week-end en déconcertent plus d'un. Le prince héritier a en fait arrêté les barons du système et lesdits «rois de l'économie de l'Arabie Saoudite», tel Al-Walid Ibn Talal, à la fortune et aux prises d'intérêt légendaires et deuxième actionnaire de Twitter Le prince héritier, Mohammed Ibn Salmane, déclare privilégier désormais un «Islam modéré» et tolérant. Ce qui s'inscrit en porte-à-faux du wahhabisme, officiant jusqu'ici comme l'alpha et l'oméga de l'Arabie Saoudite Mohammed Ibn Salmane Al Saoud, prince héritier d'Arabie Saoudite et vice-Premier ministre depuis le 23 juin 2017, a mené une vaste opération coup de poing au cours des deux derniers jours. Il s'agit bien d'une opération de purge sans précédent qui consolide son pouvoir. Samedi, il a été nommé à la tête d'une commission anticorruption créée par décret royal. Quelques heures plus tard, cette commission a procédé à l'arrestation de 11 princes et des dizaines de ministres, anciens et actuels. Sitôt qu'il a fait irruption sur la scène politique, il a défrayé la chronique. D'abord par sa nomination. Jusqu'ici, dans le royaume wahhabite, les frères se succédaient entre eux au trône. Mohammed Ibn Salmane est le premier prince héritier d'un roi en exercice. Ensuite par ses prises de position tonitruantes et inhabituelles dans ce royaume passéiste et fanatique à souhait. Ainsi a-t-il annoncé une vaste réforme sous forme de projets et lois dans le cadre d'une «vision 2030». Parmi eux, des projets économiques faramineux d'une valeur de centaines de milliards de dollars, tel le projet sur la mer Rouge atteignant plus de cinq cents milliards de dollars. Il serait mû par un souci de stabilité économique interne et d'image de marque du pays. Côté religieux, Mohamed Ibn Salmane déclare privilégier désormais un «Islam modéré» et tolérant. Ce qui s'inscrit en porte-à-faux du wahhabisme, officiant jusqu'ici comme l'alpha et l'oméga de l'Arabie Saoudite. Il y a quelques jours, une commission sur l'interprétation du Coran a été mise en place avec, en point de mire, les interprétations de la sunna liées aux actes terroristes. Les arrestations de ce week-end en déconcertent plus d'un. Le prince héritier a en fait arrêté les barons du système et lesdits «rois de l'économie de l'Arabie Saoudite», tel Al-Walid Ibn Talal, à la fortune et aux prises d'intérêt légendaires et deuxième actionnaire de Twitter. Ceci côté cour. Côté jardin, le prince héritier doit faire face à des défis majeurs, par-delà les coups de force de palais et autres actions spectaculaires. En premier lieu, l'économie. Les récentes baisses du cours du brut ont accusé le déficit de la balance budgétaire, obligeant le royaume wahhabite à puiser dans ses réserves monétaires. La relance de l'économie moyennant des substituts au pétrole est vitale. Le royaume devra aussi faire face à des défis sécuritaires immenses. Le retour des terroristes saoudiens chassés de Syrie et d'Irak aux lendemains de la déconfiture de Daech et consorts pose de nombreuses craintes. Et le système éducatif saoudien est bien en panne, nourrissant même les extrémismes et fanatismes de tout poil. Sur le plan extérieur, la guerre du Yémen n'en finit pas d'enliser le royaume wahhabite dans un bourbier inextricable, qui plus est très coûteux. Ajoutons-y l'attisement récent des rivalités avec l'Iran et la Qatar et l'on comprend l'étendue des défis. Les observateurs avertis s'interrogent à juste titre pour savoir si les derniers développements en Arabie Saoudite procèdent de vastes réformes, bien réelles, ou de règlements de comptes de palais. Parce qu'à trop élargir les cibles d'attaque, on finit bien par avoir tout le monde sur le dos.