Par Khaled TEBOURBI Inquiétude, bien sûr, après l'interdiction de tourner opposée par l'ARP au film Fatwa, de Mahmoud ben mahmoud. On n'a pas encore digéré le malheureux verdict de l'affaire Nessim Ouadi, et voilà qu'une nouvelle écorchure est infligée au droit. L'inquiétude n'est pas tant pour la violation elle-même. Nous y sommes presque habitués. C'est pareil à «un jet de l'éponge».Les interdits font un tel retour qu'il devient presque inutile de leur «mener le combat». Non : on y revient, surtout, pour cause de «bizarrerie». De grand étonnement. Le film de Mahmoud ben mahmoud traite des jeunes que l'on a fait partir en Syrie. Le «dossier» n'a pas l'assentiment de certains, on s'en doutait. Le problème, toutefois, est qu'il semble déranger tout le monde cette fois-çi. Pratiquement, toute l'ARP est contre. Les islamistes et leurs «alliés», cela va de soi. Mais la gauche et les démocrates n'en font pas un drame, non plus. Point de communiqués réprobateurs. Pas de tollé dans les médias. Curieux :jusque sur les réseaux sociaux. Un texte fondamental constitutionnel(le net, clair et imposant article 44) est, pourtant, laissé pour compte, ignoré. Pour moins que ça, du temps de la troïka on criait à l'imposture, à la trahison. Mutismes partout, pourquoi ? Il y a bien des raisons à cela. On en supputera deux : La première (la sempiternelle et universelle) est simplement électoraliste, opportuniste. Quand une échéance est en vue on se «courtise» les uns les autres, on se «grignote» les voix. Les programmes, les valeurs, les projets ne valent plus grand-chose devant «séduire» les votants, tous les votants. Il y a des municipales en avril, et le peuple des conservateurs tient le « haut du pavé ». Qu'importent les droits individuels, qu'importe la liberté d'expression, ce peuple, fût-ce en simulant, il faut, coûte que coûte, se l'approprier. Seconde raison, la plus fréquente, la plus déterminante, croyons-nous : la place infime de la culture «au-dedans de l'Etat». Le thème a certes de la présence dans les discours. Mais si peu de crédit dans les esprits et au chapitre des moyens. Nombre d'intellectuels invoquent jusqu'à «l'illettrisme des décideurs », et n'en donnent pour meilleure preuve que ces «budgets qui se suivent depuis des décades en frisant la moyenne zéro». Inquiétude, alors ? Et comment ! Ici, encore, après «l'avènement de la démocratie», après la consolidation de la république civile, après la reconquête des libertés, il arrive que de hauts commis n'aient guère «frayé» avec les arts, que des moralismes supplantent la constitution, et que de petits calculs électoraux en viennent à faire entrave au cinéma.