Devant un public de professionnels et de cinéphiles, les responsables ont voulu donner un avant-goût de ce que pourraient être le travail et la programmation d'une cinémathèque qui joue pleinement son rôle. La cinémathèque tunisienne prévoit d'ouvrir ses portes en grande pompe le 20 mars prochain à la Cité de la culture, et ce, à l'occasion de la fête de l'Indépendance. C'est ce qu'annonce Mohamed Challouf, conseiller technique de la cinémathèque nationale avec à ses côtés Hichem Ben Ammar, son directeur. Au cours d'une séance spéciale tenue au cinéma l'Africa, en marge des JCC, cinq courts métrages restaurés et numérisés avec le concours de cinémathèques et laboratoires internationaux y ont été présentés. Devant un public de professionnels et de cinéphiles, les responsables ont voulu donner un avant-goût de ce que pourraient être le travail et la programmation d'une cinémathèque qui joue pleinement son rôle ; d'abord en préservant le patrimoine, et, deuxièmement, en présentant plusieurs formats de films. Ces opérations de restauration et de numérisation ont touché cinq films-cultes du cinéma africain dont un tunisien de Ridha Béhi qui était d'ailleurs présent à la projection. Sélection spéciale de cinq courts-métrages Les courts métrages présentés sont des documentaires ou des fictions, mais tous sont des œuvres rares signées par des pionniers et de grands cinéastes au début de leur carrière, apprend-on en outre. Ainsi «Borom Sarret», d'Ousmane Sembène du Sénégal, sorti en 1963, expose le quotidien d'un charretier dans les rues de Dakar. «C'est l'un des premiers exemples d'un cinéma militant dénonçant la société africaine». Réalisé avec peu de moyens, ce premier film d'Ousmane Sembène «fait figure de classique du cinéma d'Afrique noire». Cette fiction a été restaurée et numérisée par la cinémathèque de Bologne, dans le cadre des projets de la «World Cinema Foundation» de Martin Scorsese. «Lamb», de Paulin Soumanou Vieyra du Sénégal également, sorti en 1963, est un documentaire qui expose la «lutte traditionnelle» désignée par Lamb en wolof. L'œuvre a été restaurée en 2014 par la cinémathèque Afrique de l'Institut Français et les laboratoires français Eclair Group. Bon à savoir, «Lamb» a été sélectionné à Cannes en 1964, et y a été projeté cinquante ans plus tard, en 2014, au Pavillon des Cinémas du Monde. «Le paysan éloquent», de Shady Abdessalam d'Egypte, sorti en 1970, est une fiction qui raconte l'histoire d'un paysan qui se fait voler ses biens en se rendant à la bourgade la plus proche. Ce film a été restauré et numérisé par la cinémathèque de Bologne dans le cadre des projets de la «World Cinema Foundation» de Martin Scorsese. «Les écuelles», de Idrissa Ouedraogo du Burkina Faso, sorti en 1983, raconte l'histoire de deux vieillards qui fabriquent des écuelles traditionnelles en bois utilisées dans la vie quotidienne. Un travail harassant et délaissé par les jeunes qui semblent avoir déserté le village. Ce documentaire a été restauré à la demande de la cinémathèque tunisienne et grâce à l'aimable contribution des laboratoires Eclair, et ce, à l'occasion des JCC. Et enfin, «Seuils interdits», de Ridha Béhi, qui a raconté, en début de séance, les conditions du tournage mais également les difficultés qu'avait rencontrées le film à l'époque. Sortie en Tunisie en 1972, cette fiction de 35 minutes, qui avait fait scandale et avait été totalement censurée, a été très peu vue. Il s'agit du portrait d'un vendeur de cartes postales qui souffre de misère sexuelle et finit par violer une touriste et se faire attraper. Il s'agit du tout premier film de Ridha Béhi que la cinémathèque tunisienne numérise et restaure, avec le concours de la cinémathèque portugaise.